Le vice-président du Pdci-Rda, Noël Akossi Bendjo, est candidat à la présidence de son parti. L'ancien maire du Plateau dévoile son projet politique.
Que retenez-vous du Président Henri Konan Bédié, au moment où le Pdci-Rda s'apprête à organiser le Congrès qui élira son successeur?
Le Président Henri Konan Bédié a été pour le Pdci-Rda et pour chacun de nous le socle de l'unité. Tout le monde, sans exception, s'est reposé à l'ombre du Sphinx que ce grand homme représentait. Et son combat pour la paix en Côte d'Ivoire et pour la cohésion du Pdci-Rda, combat qu'il a lui-même hérité du Président Félix Houphouët-Boigny, doit continuer à inspirer chaque militant de notre parti et chaque Ivoirien. C'est le meilleur hommage que nous pouvons lui rendre. Le disant, je m'incline respectueusement devant sa mémoire. Pour moi, lui succéder requiert donc de s'inscrire dans le chemin de la Paix et de l'Unité !
Pourquoi êtes-vous candidat à la Présidence du Pdci-Rda ?
Je vous remercie de me donner l'occasion de dire pourquoi je sollicite la Présidence de notre parti. Je préciserai ensuite les motivations qui sont les miennes.
Je commence donc par dire que j'ai une vision qui n'est pas du tout circonstancielle puisque déjà en Février dernier j'en ai parlé dans les colonnes du journal de notre parti. J'ai donc un projet mûri depuis de longues années et qui s'articule en sept axes pour notre parti. Il s'appuie sur 33 années de militantisme engagé, fidèle et loyal. J'ai fait mes classes depuis la base jusqu'au sommet. J'ai fait partie et j'ai présidé le courant des rénovateurs qui proposait déjà aux militants que le parti accepte de faire un saut qualitatif. Tout le monde se souviendra que je n'ai pas attendu aujourd'hui pour parler de réforme, de renouveau, de promotion des jeunes et des femmes et de changement de logiciel. C'est cette vision qui constitue le coeur de mon ambition pour le parti.
C'est aussi dire que je connais le parti et les hommes. Humblement, Je pense donc posséder une bonne expérience politique et une longue réflexion stratégique sur le fonctionnement de notre maison PDCI. J'ai un parcours professionnel réussi au plus haut niveau pour avoir dirigé la plus importante et la première entreprise de Côte d'Ivoire, la SIR ! Et là aussi après avoir gravi les échelons.
Mon objectif est donc de faire du Pdci-Rda une machine attractive et gagnante pour 2025 ! Et pour cela, je souhaite incarner la cohésion et la solidarité, convaincu qu'ensemble nous formons un océan irrésistible ! J'ai toujours prôné le travail d'équipe. Mon passage au Secrétariat exécutif en charge de l'organisation et de la mobilisation en témoigne.
J'ajouterai que je suis un homme d'engagement qui a montré sa combativité, sa loyauté, son sens du sacrifice et sa résilience face aux difficultés qu'a eu à affronter notre parti durant les 24 dernières années. Aujourd'hui, j'offre résolument un leadership transitionnel afin que les nouvelles énergies, femmes et hommes, qui sont légion dans le PDCI puissent, grâce à la mise en oeuvre d'une gouvernance décentralisée et de responsabilisation, passer à l'action et porter les futures victoires. En résumé, Je revendique d'être un réformateur, ce qui est en phase avec la volonté des militants de voir l'avènement d'un changement qualitatif en faveur du parti.
Quels sont les axes de votre projet que vous évoquez ?
Sans entrer dans des détails ici, je préciserai que l'esprit de ma démarche est de mettre en oeuvre une gouvernance décentralisée et participative avec une attention particulière pour la cohésion afin de faire du PDCI, à nouveau, une machine attractive et gagnante «. Sur le plan organisationnel, je voudrais travailler à apporter des orientations claires, de la cohérence, de l'efficacité et de la clarté dans le fonctionnement. Il s'agira d'instaurer un processus structuré de prise de décisions aux échelons fonctionnels, opérationnels et régionaux et promouvoir en conséquence l'obligation de résultats.
Les axes de travail que je vais proposer aux militants et aux militantes vont consister à réformer et moderniser l'organisation et le fonctionnement du parti par une politique de décentralisation, à promouvoir les jeunes et les femmes, à développer une stratégie de mobilisation des ressources et des financements, à organiser une communication adaptée et efficace, à mettre en oeuvre une politique de développement et de gestion du patrimoine, à mettre en place une organisation de gestion efficace des élections et aussi à organiser « un plan Marshall » de reconquête des zones perdues.
Vous me permettrez de redire ici ce que j'avais dit à vos confrères du Nouveau Réveil en février dernier : Le Pdci-Rda doit se repositionner en parti conquérant par un travail méthodique. Le Pdci-Rda doit se réinventer pour faire rêver à nouveau les Ivoiriens. Il est donc urgent de se mettre rapidement au travail et ce sera le cas si j'obtiens la confiance majoritaire le 16 décembre prochain. Je suis candidat pour cette mission qui redonnera à notre parti un nouveau cycle d'espoir et d'espérance.
Mais, vous avez été condamné par la justice ivoirienne et vous n'avez pas été amnistié jusqu'à ce jour. N'est-ce pas un obstacle à votre candidature ou à votre ambition ?
Je sais que c'est un débat dans la presse. Or ici, il s'agit de la vie et du fonctionnement interne du parti et aussi et surtout d'une question politique. Il faut donc lire à l'aune de tout cela ! Au PDCI, on ne peut pas occuper un poste de responsabilité en violation de l'article 1 du Règlement intérieur qui gouverne les conditions d'accès aux postes de responsabilité que ce soit par élection ou par nomination. Remarquez que malgré la situation que vous évoquez, je suis passé de Secrétaire exécutif au poste de Vice-président et de Conseiller spécial. C'est donc clair qu'au PDCI, cette situation n'affecte pas ma carrière politique.
Notre parti a estimé que ladite action fut une charge politique et il a publié une déclaration pour le faire savoir à l'opinion nationale et internationale. Le parti en a d'ailleurs tiré toutes les conséquences internes en ne me convoquant pas au Conseil de discipline tel que requis par l'article 111 de notre règlement intérieur. Mieux et pendant ce temps, j'ai été maintenu dans mes fonctions de Secrétaire exécutif en charge de l'organisation et de la mobilisation. Une preuve de solidarité que le parti doit garder et consolider. Pendant cet exil, le parti m'a confié la mission de dynamiser les délégations européennes, puis il m'a promu Vice-président. Dès que je suis rentré, j'ai été nommé Conseiller spécial chargé de la cohésion et de la réconciliation, cumulativement avec la Vice-présidence.
Ce fait politique ne m'empêche donc pas d'être candidat à la présidence du PDCI-RDA. J'ai subi cela à cause de ma loyauté et de ma fidélité à notre famille PDCI qui m'a soutenu au moment de cette épreuve endurée pendant trois longues années. J'ai confiance qu'elle ne se dédira pas aujourd'hui. D'autres personnalités politiques sont dans ce cas de figure et ils dirigent légalement leurs partis. Nous sommes tous rentrés d'exil dans le cadre de la politique de décrispation et de réconciliation qui est en marche dans notre pays.
À moins d'un mois du Congrès [16 décembre], on assiste à une vraie guerre des clans. Le Pdci-CI ne va-t-il pas en sortir affaibli ?
Il est normal qu'à la veille d'un congrès électif, il y ait des ambitions qui s'expriment à travers des groupes. J'en suis heureux car je considère que cela traduit un dynamisme démocratique au sein de notre parti.
Le PDCI a su se discipliner pour organiser l'intérim du Président Bédié. Je ne doute donc pas que la sagesse habitera l'ensemble des candidats et des acteurs du processus électoral pour qu'au soir du 16 décembre 2023, notre famille sorte avec un Président bien élu et autour de qui tous les militants se mobiliseront pour le renouveau. Pour moi, la politique est principalement ce qui a trait au collectif par la mise en somme d'individualités compétentes.
Qu'adviendra-t-il de l'alliance entre le PDCI-RDA et le PPA-CI qui était en cours de négociation ?
J'ai toujours indiqué qu'en l'état actuel de la configuration de l'électorat ivoirien et dans un format de scrutin à deux tours, il est impossible de gagner dès le premier round. Aucune des trois grandes formations n'échappe donc à la nécessité d'une alliance. Le PDCI devra donc opérer une dynamique interne et s'assurer d'être au deuxième tour en comptant d'abord sur lui-même avec ses forces et ses valeurs propres. D'où l'urgence d'une démarche organisationnelle et d'une remise en marche le plus vite possible. 2025 est déjà là ! Le PDCI, rapidement restructuré et remis en marche, sera alors en situation d'aviser sereinement pour l'intérêt général de la Côte d'Ivoire, sur cette importante question d'alliance. Dans tous les cas, retenez que cette question stratégique reviendra et sera débattue au prochain congrès ordinaire du PDCI. Et l'orientation du Congrès sera notre ligne.
Pour terminer, quel est votre message aux autres candidats ?
Le parti et le pays ont besoin de nous tous ! Je suis donc heureux que chacun veuille apporter sa contribution. Il appartiendra au PDCI, au vu de toutes les compétences qui se bousculent, de sortir une équipe capable de relever le défi du retour au pouvoir d'État en 2025. Pour ma part, compte tenu du laps de temps dont nous disposons avant les échéances de 2025 et de la nécessité de remettre rapidement en route notre machine, je pense que nous devrions privilégier l'expérience, l'efficacité et l'efficience pour gagner du temps et anticiper.
Car le timing qui s'est imposé à nous après le départ brusque de notre Président est une contrainte défavorable. C'est pourquoi personnellement, je ne souhaite pas le cumul Président du parti et candidat à la Présidentielle 2025. Faire autrement serait une erreur stratégique. Par conséquent, j'invite les autres candidats à s'inscrire dans cet esprit. Je les invite aussi à privilégier le fair-play et les conditions d'une unité inaltérable entre nous. Au soir du 16 décembre prochain, celui qui aura été élu tendra la main aux autres pour une mission collective. Et le PDCI vivra et recommencera à gagner !.