Afrique: Début de la trêve entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza

La trêve entre Israël et le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza est entrée en vigueur vendredi, et devait être assortie de la libération dans l'après-midi de 13 otages contre des prisonniers palestiniens, premiers signes de répit après des semaines de guerre.

Le Qatar, médiateur clé avec l'Egypte et les Etats-Unis, avait obtenu mercredi un accord portant sur une trêve renouvelable de quatre jours lors desquels 50 otages retenus à Gaza doivent être libérés comme 150 détenus palestiniens.

La guerre a été déclenchée par une attaque sanglante sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien. En représailles, Israël a bombardé sans relâche la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement palestinien que le gouvernement israélien a promis "d'anéantir".

La situation humanitaire dans le territoire palestinien est désastreuse selon des ONG et l'ONU.

L'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, a appelé "à trouver un moyen pour empêcher la reprise de l'agression". "Cela ne peut pas seulement être une pause avant que le massacre ne reprenne"

La "pause humanitaire" est entrée en vigueur à 07H00 (05H00 GMT) et les premières libérations d'otages (13 femmes et enfants) étaient attendues vers 16H00 (14H00 GMT).

La branche armée du Hamas a déclaré que pour chacun des otages relâchés, trois prisonniers palestiniens, des femmes et des jeunes, seraient libérés.

Aux premières lueurs du jour, alors que les frappes aériennes incessantes depuis près de 50 jours s'étaient tues, des dizaines de milliers de Palestiniens dans le sud de la bande de Gaza avaient déjà fait leur balluchon: ici des cartons, là, des sacs plastique remplis d'effets personnels, pour repartir en famille vers leurs villages.

Omar Jibrine, 16 ans, avait trouvé refuge avec huit autres membres de sa famille à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Un quart d'heure avant même l'entrée en vigueur de la trêve, il a pris la route de l'est, vers son village à quelques kilomètres de Khan Younès: "Je rentre à la maison", dit-il à l'AFP.

Mais alors que voitures et carrioles se mettent en branle, des tracts en arabe lancés depuis les airs par l'armée israélienne préviennent: "la guerre n'est pas encore finie".

"Revenir dans le nord est interdit et très dangereux!", soulignent encore les tracts, l'armée israélienne considérant le nord de la bande de Gaza, d'où ont fui des centaines de milliers de Palestiniens vers le sud, comme une zone de combat.

Des responsables sécuritaires israéliens, accompagnés du personnel de la Croix-Rouge et d'agents égyptiens, seront déployés de leur côté au "hall égyptien" du poste-frontière de Rafah, afin de recevoir les otages libérés de Gaza qui s'envoleront ensuite de l'aéroport al-Arich vers Israël, a indiqué à l'AFP une source sécuritaire égyptienne.

Une source au sein du Hamas a indiqué à l'AFP que la libération des otages à Rafah se ferait "loin de la presse".

Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait dit jeudi disposer d'une "première liste de noms" d'otages et être en lien avec leurs familles, alors que les proches des captifs font pression depuis des semaines sur le gouvernement pour obtenir leur libération.

L'Israélienne Maayan Zin a appris que ses deux filles mineures ne faisaient pas partie des personnes devant être libérées vendredi.

"C'est incroyablement difficile pour moi", a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter), bien que "soulagée pour les autres familles".

A Jérusalem-Est occupée, la Palestinienne Samira Douayyat a évoqué la possible libération de sa fille Shourouk, 26 ans, qui aura purgé la moitié de sa peine de 16 ans de prison. "Je pleure, je ris, je tremble", dit-elle à l'AFP.

Israël a diffusé une liste de 300 Palestiniens susceptibles d'être libérés au total si la trêve est prolongée, comptant 33 femmes et 267 jeunes de moins de 19 ans. Parmi ces détenus, 49 sont membres du Hamas.

"Nous avons posé comme condition que (...) les prisonniers femmes et enfants palestiniens" soient libérés "par ordre d'ancienneté" en détention, a déclaré Bassem Naïm, haut cadre du Hamas.

Une source sécuritaire égyptienne a indiqué à l'AFP qu'une délégation égyptienne serait présente à Jérusalem et à Ramallah, en Cisjordanie occupée, pour s'assurer du "respect de la liste" des prisonniers palestiniens libérés.

La communauté internationale a salué l'accord de trêve, y voyant un premier pas vers un éventuel cessez-le-feu durable.

Sur le plan diplomatique, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, devait s'entretenir vendredi avec des responsables palestiniens, après avoir rencontré jeudi M. Netanyahu.

A l'ONU, l'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, a appelé tous ceux qui ont contribué à l'accord de trêve "à trouver un moyen pour empêcher la reprise de l'agression". "Cela ne peut pas seulement être une pause avant que le massacre ne reprenne", a-t-il martelé.

Au terme de cette trêve, le gouvernement israélien et l'armée se sont engagés à "poursuivre" les combats, afin "d'éliminer" le Hamas.

"Prendre le contrôle du nord de la bande de Gaza est la première étape d'une longue guerre et nous nous préparons pour les prochaines phases", a indiqué le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari.

Selon les autorités israéliennes, 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées et environ 240 personnes enlevées le 7 octobre, jour de l'attaque du Hamas d'une ampleur et d'une violence jamais vues dans l'histoire d'Israël.

En représailles, Israël a bombardé sans relâche la bande de Gaza, où 14.854 personnes incluant 6.150 enfants ont été tuées, selon le gouvernement du Hamas.

Les bombardements israéliens des dernières semaines ont dévasté le territoire palestinien et provoqué une grave crise humanitaire selon l'ONU, avec notamment le déplacement d'environ 1,7 million des 2,4 millions d'habitants de Gaza, où l'aide entre au compte-gouttes.

La trêve doit permettre également l'entrée d'un plus grand nombre de convois d'aide, et vendredi, "trois camions transportant 150.000 litres de carburant et quatre camions de gaz sont entrés (dans la bande de Gaza via Rafah), soient 84 tonnes", a déclaré à l'AFP Waël Abou Omar, directeur de la communication du point de passage de Rafah, côté palestinien.

En outre, un total de 230 camions contenant de l'aide alimentaire devait entrer dans la journée, dont une cinquantaine sont déjà passés côté palestinien.

Selon l'Unrwa, 160.000 litres de carburant sont nécessaires chaque jour pour assurer "uniquement les opérations humanitaires de base".

Cette aide est uniquement destinée au sud de la bande de Gaza et elle est remise à l'ONU et au Croissant-Rouge, ont précisé des responsables.

Mais la trêve reste "insuffisante" pour faire entrer l'aide nécessaire, ont souligné des ONG internationales, réclamant un véritable cessez-le-feu.

La guerre touche aussi la frontière nord d'Israël, où des échanges de tirs ont eu lieu quotidiennement ces dernières semaines entre l'armée israélienne et le puissant mouvement libanais Hezbollah, allié du Hamas. Quelques heures après l'entrée de la trêve, le clame régnait vendredi dans ce secteur, selon l'agence officielle libanaise, un photographe de l'AFP et des habitants.

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