Rhumes, rhinopharyngites, grippes saisonnières, otites ou encore des gastro-entérites...les inflammations respiratoires d'hiver refont surface avec leurs lots de symptômes qui chamboulent le quotidien et dont le traitement ne nécessite pas forcément la prise d'antibiotique.
Approchée par la MAP, Dr Aziza Rhanim, pneumologue au Centre Hospitalier Ibn Sina, revient sur les modes de prévention, le traitement à adopter ainsi que l'attention particulière qu'il faut accorder aux personnes souffrant de maladies chroniques.
Question : En tant que médecin spécialiste des voies respiratoires, quelles sont vos recommandations durant cette période de l'année, notamment pour la population à risque ?
Réponse : Pendant cette période de l'année, plusieurs virus sévissent entre octobre et mars, notamment celui de la grippe. Ainsi, je conseille de prendre les précautions nécessaires pour prévenir ces infections, principalement les sujets à risque porteurs de maladies chroniques ou âgés. Je vais m'arrêter sur quelques conseils qui me paraissent incontournables :
-Comme ils ont démontré leur efficacité pendant la période du Covid, les gestes barrières restent d'un grand intérêt toute l'année et surtout pendant la période d'hiver. Ces gestes consistent essentiellement en lavages des mains fréquents et le port de masques dès qu'on est malade, dans les endroits surpeuplés et dans les établissements de santé.
-Aérer la maison et éviter au maximum les changements de températures.
-Une alimentation saine, un sommeil suffisant et une activité physique régulière pour garder une bonne immunité.
-La vaccination antigrippale et anti-Covid pour les personnes âgées de plus de 65 ans, les personnes moins de 65 ans y compris les enfants de plus de 6 mois qui sont porteurs de maladies chroniques, les femmes enceintes et les professionnels de santé.
Les inflammations des voies respiratoires d'hiver font souvent l'objet de consommation d'antibiotiques, alors qu'elles sont d'origine virale, comment préconisez-vous le traitement de ces pathologies?
La plupart des infections pendant cette période sont d'origine virale, d'où l'intérêt de faire un bon interrogatoire avec le malade et un bon examen clinique pour faire la part des choses entre ce qui est virale et celui qui est bactérien quand le malade consulte le médecin. Le traitement est au cas par cas.
Malheureusement, on remarque une surconsommation des antibiotiques pendant cette période que ce soit par automédication, ou au niveau de la pharmacie ou par les médecins eux-mêmes ce qui favorise les résistances bactériennes aux antibiotiques compromettant ainsi leur efficacité.
Les infections virales ne nécessitent pas d'antibiotiques, car efficaces, le traitement reste symptomatique par des antipyrétiques en cas de fièvre, des vitamines pour renforcer l'immunité, des boissons abondantes, le repos et une bonne alimentation, rarement on a recours à un antibiotique quand on a une bronchite surinfectée avec bien sûr des expectorations purulentes.
Pour les sujets à risque qui sont suivis pour des maladies chroniques, notamment respiratoires comme l'asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive et les fibroses pulmonaires, ils font souvent des exacerbations de leur maladie suite à une infection virale. Ces patients doivent consulter immédiatement leur médecin traitant pour mieux les prendre en charge et éviter une éventuelle hospitalisation.
Chez les bébés et tout-petits, rhinopharyngites, maux de gorge, bronchiolites et otites sont légion, que faire pour les prévenir surtout en cette période de changement de saison ?
Les bébés et les tout-petits constituent une tranche d'âge très sensible. Pendant cette période d'hiver, les rhinopharyngites et les bronchiolites sont le motif de consultation le plus fréquent chez les pédiatres et les médecins généralistes, mais également la cause la plus fréquente d'hospitalisation. Ces bébés et tout-petits sont souvent contaminés par les adultes et les grands enfants qui sont porteurs de virus asymptomatiques ou ont un simple rhume, d'où l'importance d'insister sur la prévention et la protection de ces petits.
Cette prévention passe tout d'abord par le renforcement du système immunitaire de l'enfant, notamment par le respect de calendriers de vaccination selon le programme national d'immunisation, l'encouragement de l'allaitement maternel, l'alimentation saine et équilibrée, ainsi que l'éviction dutabagisme passif. Il faut également continuer et renforcer les gestes barrières pendant cette période, particulièrement, laver les mains avant de s'occuper du bébé, porter le masque dès qu'on est malade, éternuer et tousser en se protégeant la bouche avec le coude ou dans un mouchoir jetable et éviter d'embrasser les enfants sur le visage surtout lorsqu'on est enrhumé.
Enfin, il est aussi important d'éviter d'emmener les petits dans les endroits confinés. Dès que le bébé présente les premiers symptômes de rhume, le premier geste à faire et de moucher le nez, c'est-à-dire, laver par du sérum physiologique et donner à boire de petites quantités régulièrement au bébé. Il faut surtout ne pas hésiter à consulter son médecin traitant.