Dakar — Le développement territorial passe par la culture, à travers la valorisation de toute une chaîne de métiers gravitant autour d'elle, ont souligné, vendredi, des experts du secteur réunis autour d'un panel axé sur le thème de "l'impact de la culture dans une collectivité territoriale", organisé dans le cadre de la quatrième édition du Carnaval de Dakar.
"Ce panel pose le diagnostic des contraintes qui freinent l'envol de la culture tout en invitant à l'identification des pistes pertinentes pour une meilleure prise en charge", a déclaré Abdoulaye Ba, représentant de la direction du patrimoine du ministère de la Culture et du Patrimoine historique à la rencontre.
Il estime que le développement territorial est avant tout culturel. "Le sujet fournit aux experts et acteurs culturels un moyen de réfléchir aux voies et moyens idoines, pour faire de la culture un véritable moteur de développement territorial", a-t-il indiqué.
Selon lui, l'Etat du Sénégal semble l'avoir compris en dotant chaque région d'un équipement culturel digne de ce nom. »Un développement territorial porté par la culture offre d'innombrables opportunités car étant vecteur de paix, outil de transmission de savoir et de savoir-faire, écosystème économique pourvoyeur d'emplois décents », déclare-t-il.
Vydia Tamby, conseillère culturelle à la maire de Dakar, a plaidé pour un "renouvèlement de nos politiques culturelles".
"Nous avons la conviction que pour une prise en charge de nos nouvelles réalités spatiales, sociales, sociétales et économiques, il ne faut plus mettre la culture aux marges des priorités publiques mais en faire une priorité de politique publique", a-t-elle suggéré.
"Promouvoir la culture pour penser et accompagner les changements de société, c'est introduire une forte rupture et une rupture de cette sorte ne se résume pas à un crédo idéologique, elle suppose aussi de mettre en place des outils, a-t-elle soutenu.
Le secrétaire exécutif de l'Ong « Ndef Leng », Babacar Diouf, a insisté sur le "déphasage entre nos réalités culturelles et la façon dont ce secteur est géré par les autorités".
Administration souvent calquée sur le modèle occidental
"Nous avons souvent une administration calquée sur le modèle occidental, chargée de ne gérer essentiellement que quelques aspects de la culture, en l'occurrence les arts et lettres, à l'exclusion des rapports intercommunautaires", a-t-il déploré.
Il souligne aussi que malgré le transfert de compétences aux collectivités territoriales, les services existants pour le financement ne sont pas équitablement distribués dans l'espace culturel.
« La culture, c'est cette lumière que l'homme projette sur le monde pour le révéler, le recréer et le transfigurer selon sa sensibilité", a indiqué Abdou Khadre Gaye, président de l'Entente des mouvements et associations de développement (EMAD). Il estime que la force de l'art et de la culture, c'est aussi de créer des passerelles.
Une conviction partagée par Patricia Diagne, directrice de la Fondation Sococim pour qui « la culture était considérée comme une chose à part ».
« On se rend compte que la culture, c'est ce que nous sommes tous, car la manière dont on se salue est culturel, ce qu'on mange est culturel, notre habillement aussi", a-t-elle dit.
"C'est un levier de développement qui permet à d'autres secteurs d'exister", a-t-elle conclu.
La quatrième édition du Carnaval de Dakar, qui prend fin dimanche, démarre officiellement ce vendredi dans la commune de Yoff, sous le signe de la diversité des terroirs.