Un violent affrontement entre bandits et gendarmes a fait 16 morts le 22 novembre, dans une zone très enclavée à l'ouest du pays. L'intervention des forces de l'ordre fait suite au vol de vingt zébus dans un hameau de la région Melaky par une soixantaine d'assaillants armés. Si cette attaque meurtrière rappelle que l'insécurité persiste toujours en milieu rural malgré les efforts de lutte entrepris par le gouvernement, elle questionne également une nouvelle fois sur l'usage des armes par les forces de l'ordre.
Mercredi, à l'aube, une soixantaine de dahalos armés de fusils, de haches et de sagaie jettent son dévolu sur Tsiazonaloka, un village perdu dans les massifs montagneux du Melaky. Ils dérobent sans peine le bétail convoité, sous les yeux de villageois impuissants.
Mais la population donne l'alerte rapidement. En fin de matinée, la dizaine de gendarmes réquisitionnée auprès de trois unités différentes s'engage, aux côtés d'une centaine d'habitants, dans la poursuite des bandits.
Vers 14h, la piste des voleurs de zébus est retrouvée. Dahalos, gendarmes et habitants font usage de leurs armes. La confrontation fait 15 morts côté malfaiteurs, 1 chez les villageois, et des dizaines de blessés. Les 20 zébus sont récupérés.
« Un bon résultat » commente le commandant du Groupement de la gendarmerie nationale de la région Melaky, le lieutenant-colonel Eframa. « Notre priorité, c'est de les récupérer vivants, pour pouvoir ensuite remonter jusqu'à leur grand patron. Mais ils ne se sont pas laissés attraper, ils ont tiré en premier », indique-t-il.
Selon le responsable, cette intervention a montré à la population qu'elle pouvait faire confiance à la gendarmerie et qu'elle n'était pas seule face à l'insécurité. « Nous avons de meilleures relations depuis que nous avons lancé la sensibilisation (Tana-maron'ny fandriampahalemana) à l'auto-défense villageoise. Comment réagir face aux attaques, comment les prévoir : ce sont des choses que nous leur enseignons. »
Une enquête a été ouverte : elle est menée par la gendarmerie.
« Les tirs mortels ont-ils eu lieu lors de l'affrontement armé ou s'agit-il d'une exécution sommaire ? », se questionne, de son côté, la Commission nationale indépendante des droits de l'homme. « La seule version dont nous disposons à l'heure actuelle est celle des forces de sécurité. Nous devons obtenir la version du contradictoire », explique l'organe de défense des droits humains qui précise être toujours en phase de recueil d'informations.
Vendredi soir, l'état-major mixte opérationnel national a annoncé envoyer 250 éléments en renfort dans 3 régions, dont celle de Melaky, pour pacifier ces zones rouges et freiner la montée de l'insécurité.