La Côte d'Ivoire bénéficierait du financement climatique alors que des secteurs essentiels à sa croissance sont menacés par le changement climatique : rapport de la Banque mondiale
Après plus d'une décennie de croissance, des secteurs économiques clés comme le cacao et l'énergie risquent de s'essouffler si des mesures urgentes pour remédier au changement climatique ne sont pas prises, d'après les conclusions du nouveau rapport de la Banque mondiale sur le climat et le développement dans le pays (Ccdr), discuté aujourd'hui au Conseil des ministres. Selon une note de la Banque mondiale, la Côte d'Ivoire se trouve désormais à la croisée des chemins pour atteindre ses ambitions en matière de développement.
Le changement climatique affecte déjà le pays avec la hausse des températures, des phénomènes météorologiques imprévisibles et la hausse du niveau des océans, qui présentent des menaces importantes. La dégradation des zones côtières, les inondations et la pollution affectent les moyens de subsistance de millions d'Ivoiriens. Environ 80 % des entreprises ivoiriennes interrogées mentionnent qu'elles ressentent déjà les effets du changement climatique à travers leur impact sur les revenus, les coûts et les investissements.
« Le rapport national sur le climat et le développement (Ccdr) pour la Côte d'Ivoire représente un signal d'alarme pour le pays. Les autorités doivent passer immédiatement à l'action de façon décisive pour s'attaquer au changement climatique tout en promouvant un développement durable. Les choix faits aujourd'hui détermineront l'avenir du pays et le bien-être de tous les Ivoiriens, y compris les plus vulnérables, » explique Marie-Chantal Uwanyiligira, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d'Ivoire, le Bénin, la Guinée et le Togo.
Le rapport présente des opportunités en matière d'action climatique et de croissance. Il souligne que les impacts climatiques pourraient faire baisser le Pib réel jusqu'à 13 % d'ici 2050 et empêcher 1,63 millions de personnes d'échapper à la pauvreté. Le Ccdr estime le coût de l'action climatique à 22 milliards de dollars, soit un coût moyen annuel d'environ 2 % du Pib.
L'expansion urbaine incontrôlée expose les villes aux risques d'inondations et de glissements de terrain, à la montée du niveau des océans, à l'érosion côtière et à des vagues de chaleur extrêmes. Cette expansion affecte également la productivité économique. Les auteurs notent l'importance du renforcement de la résilience des infrastructures telles que les routes et les réseaux numériques, qui joueront un rôle essentiel dans l'accès au marché et la fourniture de services.
Les efforts de la Côte d'Ivoire pour s'attaquer à la déforestation et réformer sa chaîne de valeur du cacao pourraient être étendus. Ce pays d'Afrique de l'Ouest sera un des premiers pays de la région à bénéficier d'un financement climatique à travers le programme de réduction des émissions (REDD+), ayant en effet réussi à réduire ses émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts autour du parc national de Taï, qui abrite la seule forêt dense intacte du pays.
Le rapport, qui appelle à une action urgente, souligne que le statu quo n'est plus une option pour assurer une croissance économique durable en Côte d'Ivoire et atteindre son objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire d'ici 2030. Il souligne le besoin de réformes réglementaires et institutionnelles ainsi que des fondements en matière de questions climatiques afin de gérer efficacement les impacts climatiques. Le rapport souligne également le rôle essentiel à jouer par le secteur privé pour s'investir davantage dans l'adaptation climatique et les efforts d'atténuation. La publication du Ccdr pour la Côte d'Ivoire en amont de la COP 28 à Dubaï, souligne la nécessité de s'attaquer au changement climatique et de promouvoir un développement durable dans le pays.