Tunisie: Pnud - OIT - Dynamiser l'ESS pour un avenir inclusif

26 Novembre 2023

Le Pnud et l'OIT ont partagé des perspectives inspirantes sur l'avenir de l'ESS en Tunisie, soulignant son rôle transformateur dans la création d'emplois durables et dans la réponse aux défis socio-économiques.

Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et l'Organisation internationale du travail (OIT) ont conjointement organisé une journée dédiée à la présentation de trois notes d'orientation politique cruciales sur l'Economie sociale et solidaire (ESS) en Tunisie.

Ces notes, élaborées avec rigueur, offrent une analyse critique du cadre juridique, des politiques publiques d'encouragement de l'ESS, ainsi que des stratégies de plaidoyer visant à accroître l'attrait de l'ESS.

Elles sont spécifiquement conçues dans le dessein d'informer et de guider les décideurs, en vue de favoriser le développement du secteur de l'ESS, notamment à travers la révision de la loi n°2020-30 du 30 juin 2020 et la publication des décrets d'application réglementaires.

Le Pnud en action en Tunisie

Eugena Song, représentante adjointe du Pnud en Tunisie, a souligné l'importance de l'engagement du Royaume de Norvège au cours des quatre dernières années, visant à autonomiser les populations tunisiennes, en particulier les plus défavorisées.

Mme. Song a aussi réaffirmé l'engagement du Pnud à soutenir le développement de l'économie sociale et solidaire en Tunisie, soulignant son rôle prometteur dans la promotion de l'inclusion, de la durabilité et de la prospérité économiques.

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Elle a souligné l'élan et l'esprit d'urgence observés au cours des huit dernières années de collaboration avec le gouvernement tunisien, mettant en lumière le besoin d'utiliser l'ESS comme une stratégie clé pour atteindre les objectifs de développement durable.

Par ailleurs, Eugena Song a rappelé l'importance des notes d'orientation politique, en mettant en avant leur phase cruciale concernant la traduction des lois existantes en réglementation, les mesures nécessaires pour assurer une mise en oeuvre accélérée, ainsi que les aspects pratiques liés aux programmes de financement, de partenariat, de plaidoyer et de communication.

Ceci, tout en encourageant les décideurs tunisiens à considérer ces recommandations préventives et pratiques.

Mme Song a exprimé la satisfaction du Pnud d'avoir accompagné la Tunisie depuis 2015-2016 et a souligné l'engagement continu en faveur de la création d'emplois décents, en particulier dans les zones marginalisées.

Elle a appelé toutes les parties prenantes à engager un débat constructif sur la capacité de mise en oeuvre des politiques publiques, assurant que le Pnud et ses partenaires restent à l'écoute et prêts à soutenir les efforts de la Tunisie pour un développement durable.

Un modèle alternatif pour un avenir durable

Pour sa part, Rania Bikhazi, directrice du Bureau de l'OIT pour les Pays du Maghreb, a indiqué que l'Organisation internationale du travail reconnaît depuis longtemps le rôle crucial de l'économie sociale et solidaire dans le développement de la Tunisie, tout en ajoutant que l'OIT a délibérément choisi d'investir dans ce modèle, le considérant comme une alternative sérieuse face aux insuffisances récurrentes du système en place.

Référant aux statistiques de l'INS parues en 2020, Mme Bikhazi a noté que 44,1 % des emplois en Tunisie se trouvent dans le secteur informel, touchant près de 1,6 million de Tunisiens et Tunisiennes.

Dans ce même cadre, elle a souligné les défis liés au travail informel, notamment l'absence de protection sociale et de garantie de sécurité pour les plus vulnérables, le risque sanitaire lié au manque de suivi de la chaîne de valeur des marchandises produites, ainsi que la perte significative pour les recettes de l'Etat.

Rania Bikhazi a aussi évoqué que la nature des activités du secteur informel est souvent liée aux principes de l'économie sociale et solidaire, soulignant ainsi le potentiel de transformation en présence d'un cadre adéquat, qui existe déjà en Tunisie.

Sur un autre plan, Mme Bikhazi a salué l'adoption par la Tunisie en juin 2020 de la Loi sur l'économie sociale et solidaire, considérée comme un levier formidable pour un modèle de développement inclusif et en faveur d'un emploi durable et décent.

Dans le même sillage, elle a confirmé l'implication de l'OIT, en collaboration avec d'autres agences des Nations unies telles que le Pnud, dans le soutien à l'élaboration de cette loi.

La directrice a également mentionné que l'histoire du travail coopératif en Tunisie est solidement ancrée dans le tissu juridique, avec des lois et des textes spécifiques témoignant de l'engagement durable du pays envers la promotion de la coopération professionnelle.

Cette journée, selon Mme Bikhazi, représente une excellente opportunité pour présenter les trois notes d'orientation liées au cadre juridique de l'économie sociale et solidaire, lancer un débat approfondi au sein du Plan national de développement 2023-2025 en Tunisie, examiner les besoins en termes de capacité pour la mise en oeuvre de politiques publiques, ainsi que les exigences d'accompagnement financier et technique de l'économie sociale et solidaire.

Elle a conclu en soulignant l'objectif d'assurer une mise en oeuvre cohérente, exhaustive et fluide des lois régissant l'économie sociale et solidaire, garantissant ainsi l'unité de ce modèle économique.

L'ESS : un pilier de développement durable

Mounir Dakhli, directeur général de la coopération internationale, a indiqué que cette rencontre témoigne une fois de plus de l'importance accordée par les différentes parties prenantes à la question de l'emploi des jeunes en Tunisie.

Il s'agit aussi d'une occasion qui permet d'aborder les questions cruciales entourant l'ESS, à savoir le cadre juridique et institutionnel, le système de gouvernance, les politiques publiques en faveur du développement de l'ESS, le plaidoyer en sa faveur et l'attractivité de ce secteur.

M. Dakhli a précisé que l'ESS constitue aussi un levier essentiel pour l'économie nationale en raison de son impact sur le développement durable et la création d'emplois, tout en répondant aux besoins économiques des différentes régions.

Il a également mentionné que l'ESS propose des solutions concrètes pour un modèle de production et de consommation plus solide, écologique et socialement juste.

Dans ce même cadre, il a ajouté que le gouvernement tunisien accorde une importance cruciale à la promotion de l'entrepreneuriat collectif, notamment dans le domaine de l'ESS, en collaboration étroite avec les partenaires économiques et sociaux ainsi que les partenaires internationaux, tout en soulignant que la promotion de l'entrepreneuriat collectif et de l'ESS constitue une priorité stratégique et un pilier de réforme du pays, représentant une alternative prometteuse pour répondre aux défis socioéconomiques, en particulier le chômage des jeunes.

L'entrepreneuriat collectif et l'ESS, selon M. Dakhli, sont intégrés dans l'agenda politique national comme des solutions pour relever les grands défis, avec leur développement encadré par la mise en place d'un cadre juridique, la mobilisation d'outils de financement, la sensibilisation et le renforcement des capacités du capital humain.

D'après lui, le principal enjeu actuel est de renforcer davantage le rôle de l'ESS en tant que pilier de l'économie nationale, en abordant spécifiquement les questions liées au cadre juridique, au système de gouvernance, aux politiques publiques, au plaidoyer et à l'attractivité de ce secteur.

Toutes ces initiatives visent à intégrer les compétences tunisiennes sur le marché du travail, contribuant ainsi au développement des entreprises et à la création d'emplois nécessaires pour les jeunes en quête d'emploi.

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