Une deuxième semaine de campagne électorale s'ouvre ce dimanche 26 novembre en République démocratique du Congo, l'occasion de faire le point avec Trésor Kibangula, analyste politique à l'institut congolais de recherches Ebuteli, sur les premiers échanges et tendances qui se dessinent .
En RDC, la campagne électorale a débuté le 19 novembre dernier. Les 44 millions d'électeurs congolais sont censés se rendre aux urnes le 20 décembre pour des élections générales : présidentielle, législatives, provinciales et des communales partielles. Pour la magistrature suprême, ils sont 23 en lice après le ralliement de trois candidats au profit de l'opposant Moïse Katumbi. Le président sortant, Félix Tshisekedi, brigue lui un second mandat.
Les poids lourds de cette élection ont tous tenu des rassemblements dans plusieurs coins du pays. Il y a beaucoup d'interpellations, de petites phrases, mais Trésor Kibangula, analyste politique à l'institut congolais de recherches Ebuteli, note que pour l'instant les thèmes de campagne n'ont pas encore été abordés sur le fond, et il l'explique au micro de Paulina Zidi, de la rédaction Afrique.
« Malheureusement, dans les meetings ou les débats, le discours de campagne reste encore très marqué par des piques des uns et des autres avec un élan très propagandiste. On n'entend pas encore très clairement des discussions de fond ou des alternatives aux politiques publiques par rapport au mandat du président actuel.
Le président actuel a essayé de lancer certaines mesures sociales - la gratuité de l'enseignement, la maternité... - on a longtemps critiqué ces mesures. Maintenant, c'est la campagne, qu'est-ce que les autres proposent, de manière concrète ? Avec quelles modalités de mise en oeuvre ? On attend aussi [des propositions] par rapport à la sécurité à l'Est. Je pense que ça ne suffit pas de dire : ' Moi, président, demain, je vais mettre fin à la guerre ', mais comment vous allez vous y prendre ? Et quels moyens de l'État vous allez utiliser ? Comment comptez-vous réformer l'armée ? La question des enseignants ? La question du chômage des jeunes ? C'est encore assez faible cette dimension-là dans les meetings populaires qu'on suit. »
Mais pour l'analyste, cette première semaine de campagne permet de voir se dessiner les rapports de force.
« C'est très intéressant de voir ce qu'il se passe parce que ça permet à la fois de voir comment la dynamique des campagnes laisse transparaître le rapport de force.
Ils sont 26 au départ, mais très peu de candidats seulement peuvent se déployer sur place, et cela indique un peu les rapports de force qui sont en train de se mettre en place, sachant que l'opposition était en train de discuter autour d'une candidature commune.
On a vu tout de suite que Moïse Katumbi a décidé de lancer en grande pompe sa campagne à l'Est du pays, du côté de Kisangani, puis il est allé dans les autres provinces de la grande Orientale, puis dans le Kivu. Le président a commencé sa campagne du côté Ouest, notamment au stade des Martyrs. Dans une certaine mesure, Martin Fayulu et Delly Sessanga [ont aussi lancé leur campagne]. À part ceux-là, pour les autres, la campagne est plutôt timide voire inexistante. »