Tunisie: Au fait du jour | Intérêt national, dites-vous ?

27 Novembre 2023

Cela a eu l'effet d'un coup de tonnerre: notre pays n'aura plus le droit de hisser son drapeau à l'occasion des futures grandes compétitions internationales... jusqu'à régularisation de sa situation.

Le communiqué de l'Agence mondiale antidopage est très clair :

«Pour non-conformité au code mondial antidopage, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a communiqué que la Tunisie ne pourra plus accueillir des compétitions régionales, continentales ou mondiales et ses représentants n'auront plus le droit d'être éligibles à occuper un poste au sein de cette instance internationale, tout comme les membres de l'Agence nationale antidopage (Anad), qui ne pourront plus participer à tout événement organisé par l'Agence mondiale antidopage, et ce, jusqu'à sa réintégration par l'AMA.

Selon le même communiqué, «toutes ces sanctions entreront en vigueur à partir du 8 décembre tout en sachant que la Tunisie aura son plein droit de faire appel».

Il ne faudrait pas du tout s'alarmer. C'est une question de régularisation des procédures, qui seront prises par décret, qui doivent passer par l'ARP et paraître sur le Journal Officiel. Nous avons le temps de le faire et nous aurons le droit d'organiser des compétitions internationales (dès que nos installations pourront répondre aux normes), nos représentants seront de nouveau éligibles (pour qu'ils servent à quelque chose !), notre emblème national ne sera pas privé de podiums.

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Le ministère de la Jeunesse et des Sports se fera fort de s'occuper (enfin) avec l'Agence antidopage de cette question. Pourquoi ce retard et pourquoi avoir attendu la sanction pour bouger ?

Mais ce qui nous interpelle, surtout, c'est bien qu'aucun des organismes tels que le Cnot, les fédérations internationales ou les confédérations continentales où nous avons des représentants n'ont vu venir le coup et prévenu que le retard qu'a pris cette régularisation risquerait de nous porter préjudice. Préjudice à l'image du pays, à ses athlètes, au sport en tant que tel.

Pourtant, la Tunisie a été un des premiers pays africains et arabes à se doter d'un Centre antidopage installé aux laboratoires de contrôle des médicaments à Bab Saâdoun.

«La Presse» y était pour son inauguration et nous avons suivi ses premiers pas, alors qu'il était devenu un Centre agréé et reconnu comme un des meilleurs du bassin méditerranéen. Au point de devenir une référence. Jusqu'au jour où, faute de moyens, les choses évoluent (l'acquisition de matériel ultrasophistiqué revenant très cher), nous avons commencé à perdre du terrain. C'est dire que cette décadence est significative pour tous ceux qui ont vécu cette époque de.... gloire.

Ce qui est encore plus grave c'est que de par l'ambiance qui règne sur la scène sportive, avec des responsables à tous les niveaux du sport national qui se regardent en chiens de faïence, la solidarité est la chose la moins bien partagée.

La fédération de football a des problèmes ? Il y a ceux qui jouissent de la situation. Le MJS est gêné par un dossier ? Le Cnot qui se frotte les mains. Le Cnot qui tarde à régler une bourse ? Le MJS qui saute sur l'occasion pour demander des comptes. Un représentant tunisien qui se fait éjecter d'une confédération ? Son «copain» de la même discipline paie une tournée, etc.

Cette ambiance, que tout le monde connaît et dont on se fait des gorges chaudes, ne manque pas de desservir les intérêts du sport national.

Au point de se demander à quoi servent ces représentants et à quoi ont-ils servi ? A rien. Presque à rien, alors que nos principaux adversaires aux niveaux régional et continental s'empressent de se saisir de la chaise vide pour servir les intérêts de leurs pays respectifs.

Que ce soit au niveau du CIO ou des fédérations et confédérations internationales, les aides pour le développement des disciplines sportives sont drainées vers des pays qui en profitent tout en allégeant la charge de leurs Etats respectifs. Et nous ? Nous profitons des voyages gratis et des séjours dans des cinq étoiles. Il faudrait reconnaître que le football et le tennis, par exemple, ont mis à contribution les moyens alloués par leurs fédérations internationales respectives.

La FTF a profité de ces subsides conséquents pour renforcer son infrastructure (hôtel pour les joueurs, centre médical pour sportifs qui a heureusement ouvert ses portes avec des moyens importants, etc.) La Fifa a même donné son accord pour édifier un hôtel pour le football féminin et la mise en place de centres de formation spécialisés en Tunisie.

Le tennis a monté son académie (qui recevra des jeunes de tous les pays africains) à Sousse avec l'aide de la Fédération internationale.

Par contre, la Fédération tunisienne de natation, si nos informations sont bonnes, n'a pas su défendre son dossier et l'offre de la Fina de monter un centre en Tunisie nous est passée sous le nez. Faute de candidature crédible, il sera édifié à... Antibes !

Voilà la situation. Et voilà pourquoi, la loi régissant le sport en Tunisie presse.

Elle mettra de l'ordre, surtout si elle réussit à imposer des mandats limités pour renvoyer à leurs propres affaires ceux qui se voient intouchables en dépit de leur rendement dérisoire et insignifiant.

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