LA destination Tunisie continue à séduire. A preuve, l'urgence financière que traverse la Tunisie a affecté profondément la majorité de nos secteurs économiques. Seul le tourisme a réussi à résister, enregistrant, au passage, quelques belles réalisations.
Le comportement de ce secteur stratégique est plutôt coutumier. Car à chaque fois qu'il est question de crise ou de situation complexe, le tourisme trouve toujours les ressources nécessaires pour se maintenir et compenser même le manque à gagner des autres secteurs.
Cependant, en termes de valeur et surtout en comparaison de certains des concurrents directs, les bons résultats ne peuvent pas être perçus réellement comme de vraies performances. Loin de là. Le problème principal du tourisme tunisien, c'est notamment son incapacité à capitaliser convenablement le capital- confiance des marchés extérieurs. On a l'impression parfois qu'il se complaît dans l'autosatisfaction. Sans ambitions. Le tourisme made in Tunisia n'arrive toujours pas à valoriser un potentiel que tout le monde pense assez important.
Et même si les professionnels et décideurs parlent régulièrement d'une offre diversifiée et adaptée aux nouvelles exigences et tendances internationales, le secteur est resté en réalité enfermé, du moins en grande partie, dans un modèle balnéaire de masse. Avec des services de qualité moyenne, pour ne pas dire médiocre. Une offre très vulnérable et peu résiliente, notamment en ces temps d'incertitude géopolitique. Une offre mal structurée qui ne cesse de paralyser le secteur, d'enfreindre sa capacité à se renouveler et de marginaliser la commercialisation de son potentiel réel
Ce qui explique d'ailleurs l'absence d'une clientèle dépensière. Les indicateurs de 2023 corroborent cette vérité. Avec l'arrivée cette année de plus de 10 millions de touristes, y compris bien entendu nos résidents à l'étranger, les rentrées touristiques se sont situées aux alentours de 5 million de dinars seulement, soit environ 1,5 million d'euros. Trop peu. Au Maroc, et pour les neuf premiers mois de l'année en cours, les statistiques parlent de recettes records de l'ordre de 80,1 milliards de dirhams, soit plus de 7 millions d'euros pour 12,3 millions de touristes. En Egypte, le bilan est beaucoup plus important avec une enveloppe de 13, 6 millions de dollars pour seulement 13,9 millions de touristes. L'écart est très conséquent !
Or, la Tunisie dispose de tous les atouts pour promouvoir une offre hautement attractive. On pense, entre autres, au tourisme d'affaires, culturel, médical ou encore de luxe. Des niches à forte valeur ajoutée et surtout durables.
Des atouts, pour qu'ils soient bien exploités, supposent toutefois de la réactivité, de l'agressivité et un potentiel humain qualifié. Des éléments qui font malheureusement nettement défaut.
Un constat qui doit être repensé rapidement, car avec une contribution de plus de 12% au PIB, le tourisme tunisien est un secteur clé et stratégique. Il a besoin d'une nouvelle identité et, tout comme son économie, d'un nouveau modèle de développement. Sinon, sa fin de cycle est bien annoncée.