Une rencontre entre le chef du gouvernement et les syndicats pour tenter d'unifier les points de vue respectifs
Après plus d'un mois de grèves et de protestations dans le secteur de l'enseignement, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a appelé, jeudi, les syndicats de l'enseignement au dialogue ce lundi, affirmant que l'Exécutif est attaché à ses engagements relatifs à la réforme globale du système d'éducation et à la motivation du corps enseignant pour qu'il s'acquitte au mieux de son devoir.
"Nous sommes convaincus que le dialogue demeure l'unique voie pour parvenir à des solutions efficientes aux problèmes soulevés", a souligné Aziz Akhannouch à l'ouverture des travaux du Conseil de gouvernement, appelant les syndicats à tenir ce lundi une séance de dialogue sectoriel.
A cette occasion, le chef du gouvernement a réitéré que le gouvernement est disposé à consolider les canaux de dialogue jusqu'à l'aboutissement à des solutions à même de garantir la qualité de l'école publique.
Le gouvernement considère l'enseignement comme un pilier essentiel pour consolider l'édification de l'État social et le développement du Maroc, conformément aux aspirations de S.M le Roi Mohammed VI, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, a déclaré, lors d'un point de presse à l'issue du conseil de gouvernement, que la rencontre de ce lundi concerne uniquement les syndicats de l'enseignement.
Dans une déclaration à Libé, une source syndicale a souligné que « leur syndicat a reçu une convocation pour assister à une réunion avec le chef du gouvernement ce lundi à 11 heures du matin », indiquant que ce sont les syndicats de l'enseignement les plus représentatifs du secteur qui sont invités à y participer.
« Nous verrons les propositions que le gouvernement présentera lors de cette réunion pour résoudre cette crise sociale », a expliqué la même source, notant qu'il ne s'attend pas à ce que le gouvernement revienne sur le nouveau statut unifié de l'enseignant dont les dispositions ont suscité l'ire et la protestation des enseignants, mais « je m'attends à ce que le gouvernement annonce la modification de ce statut ».
Et la même source d'ajouter : « Je crois qu'il est préférable de corriger les lacunes dudit statut plutôt que de le retirer, car il comporte des aspects positifs, comme la résolution du problème des enseignants contractuels ».
Concernant le point épineux lié aux retenues sur salaire des fonctionnaires grévistes, la source syndicale a précisé que cette question constitue un vrai casse-tête pour l'Exécutif.
« Le gouvernement est dans l'obligation de réduire les tensions entre le ministère de l'Éducation nationale et les enseignants. S'il entend appliquer les retenues sur salaire des grévistes comme il l'a menacé, cela exacerbera les tensions dans le secteur et créera une situation difficile pour les milliers de fonctionnaires. Par contre, s'il ne l'applique pas, cela créera un précédent. Par conséquent, le gouvernement se trouve dans un dilemme. Pour cela, je crois qu'il est tenu de résoudre rationnellement cette problématique, que le ministère de l'Education nationale a contribué à créer, s'il ne veut pas jeter de l'huile sur le feu ». Et la même source d'enchaîner : « Cette question sera évoquée de toute évidence lors de cette rencontre ».
A rappeler que le ministère de l'Education nationale a adressé au début du mois courant un courrier à la Trésorerie générale l'invitant à procéder à des retenues sur salaire des fonctionnaires absentéistes.
Pour sa part, la militante en droits de l'Homme et actrice associative, Ouafa Badri, a qualifié la retenue sur salaire des grévistes d'«acte illégal, car la Constitution marocaine garantit le droit de grève et personne ne peut priver les citoyens, hommes et femmes, d'exercer leurs droits civils et politiques ».
Elle a mis en garde contre les conséquences d'une telle décision qui « contribuerait à aggraver la crise, d'autant plus que le statut de la fonction publique n'invoque pas ce que le ministre a appelé le salaire correspondant au travail effectué ».
« Une solution à la crise peut être trouvée lors de la réunion d'aujourd'hui entre le gouvernement et les syndicats, mais cela dépend de la réponse positive du gouvernement aux revendications des enseignants, notamment le retrait du nouveau statut unifié, qui n'a pas pris en compte l'approche participative. En plus, il inclut également des clauses injustes, notamment les sanctions disciplinaires », a relevé Ouafa Badri, tout en soutenant que « l'enseignement est un secteur social vital pour le développement sociétal, et le Maroc a le potentiel pour mener une véritable réforme qui garantisse la qualité et améliore le classement international de notre pays ».
Mourad Tabet