Certains diront de l'opposition sénégalaise, qu'elle en fait un peu trop ; qu'elle est grincheuse ! Dans une lettre adressée au chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, une partie des opposants sénégalais regroupés au sein du FITE (Front pour l'inclusivité et la transparence des élections), est vent debout contre la nomination du président sénégalais, Macky Sall, au poste d'envoyé spécial et président du Comité de suivi du Pacte de Partis pour la Planète et les Peuples (4P).
Une nomination annoncée par son homologue français, il y a quelques jours. A priori, les contempteurs de l'opposition lanceront à sa face, ceci : « de quoi se mêle-t-elle, cette opposition, si le président qui s'est résolu à ne pas briguer un troisième mandat à la tête de l'Etat, veut relever d'autres challenges post-pouvoir » ? L'actuel dirigeant sénégalais pratiquement en fin de course, n'a-t-il pas le droit de disposer de sa personne, après ses lourdes charges à la tête de la Nation ?
Sauf que là où ça coince, c'est que l'offre à lui proposée, est du Grand chef blanc de ... l'ancienne puissance tutélaire, en l'occurrence la France. Que vient donc chercher le coq gaulois dans la basse-cour de la Teranga, en lien avec l'avenir du président sénégalais sur le départ ?
Et de quel droit la France a-t-elle à lui accorder un satisfécit, au point de lui trouver un point de chute ? C'est assurément, ce genre de posture hexagonale qui n'a de cesse d'exposer la France aux critiques véhémentes sur le continent, et de nourrir le frensh baching.
Le risque est grand que le coq gaulois y perde des plumes
Toujours est-il que la précipitation dont l'Elysée fait montre, est pour le moins maladroite. Surtout dans un contexte où sa politique étrangère en Afrique est plus que jamais décriée. Quant au président Macky Sall, il serait bien inspiré de jouer la carte de la prudence face à cette nouvelle fonction qui lui tend la main, d'autant que lui et son homologue ivoirien passent pour être « deux valets locaux de la France » sur le continent.
Certains feront valoir que cette offre est, pour la France, une façon de récompenser les chefs d'Etat africains ardents défenseurs des intérêts français et qui ont fait l'option de ne pas s'accrocher au pouvoir, et d'encourager ceux qui hésitent encore à s'inscrire dans cette dynamique, à franchir le pas. Soit. Mais il reste qu'en la matière, ce ne sont pas les initiatives africaines en matière de promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie, qui manquent, à l'image du prestigieux et très redoutable prix Mo Ibrahim.
En tout état de cause, les qualités reconnues par la France, au président sénégalais, qui lui valent d'être appelé à ces nouvelles fonctions après son passage au sommet de l'Etat, ne sont pas les mieux partagées. L'opposition dénonce « les nombreuses victimes des manifestations de mars 2011 et juin 2023 ».
Criant à une humiliation à l'égard du peuple sénégalais, elle ne tolère pas que la France s'immisce dans les affaires intérieures du Sénégal. Pour tout dire, le coq gaulois vient de mettre ses pattes dans un engrenage et le risque est grand qu'il y perde des plumes au sens propre comme au figuré.