Cameroun: Le congrès du parti d'opposition PCRN interdit à Kribi

L'opposant Cabral Libii dénonce « une provocation et une persécution » après la suspension de l'autorisation du congrès de son parti, le PCRN. Le congrès devait se tenir du 15 au 17 décembre à Kribi (Sud). Le PCRN devait réunir ses militants et renouveler ses dirigeants. Avec en ligne de mire les élections de 2025. Mais l'autorité sous-préfectorale en a décidé autrement, en fin de semaine dernière, avançant comme argument « des dissensions internes » au parti, « susceptibles de troubler l'ordre public ». Une référence à l'action en justice intentée par le fondateur du PCRN qui dit vouloir récupérer son parti.

Cabral Libii promet d'utiliser toutes les voies de recours pour contester la décision de la sous-préfète de l'arrondissement de Kribi II, Marie Suzanne Bitanga Bebga. Selon lui, la plainte de son prédécesseur, Robert Kona, ne peut en aucun cas justifier l'interdiction de son congrès.

La première audience n'a pas eu lieu, elle est prévue 4 janvier dans l'Extrême-Nord à Kaélé, tribunal de première instance du département du Mayo-Kani à plus de mille kilomètres de Kribi

L'ordre public dans la ville portuaire n'était pas menacé par le congrès du PCRN (Parti camerounais pour la réconciliation nationale), selon Cabral Libii, mais un prétexte utilisé par l'administration. « D'abord, nous allons épuiser toutes les voies de droit qui existent, mais nous avons également entrepris des démarches politiques auprès de ceux qui, au sein de cet appareil d'État, sont aussi indignés par ce type d'abaissement dans une démocratie et qui pensent que le Cameroun mérite quand même mieux. »

Pour rappel, un mois avant le congrès de Kribi, mi-novembre, Robert Kona, cofondateur du PCRN a déposé une plainte à Kaélé. Il veut faire annuler le congrès de Guidiguis du 11 mai 2019 lors duquel il a cédé la présidence de son parti à Cabral Libii. Son statut de président national d'honneur ne lui suffit plus, Robert Kona dit vouloir récupérer la présidence de son parti, parce que Cabral Libii n'a pas respecté les termes de leur accord. « Il ne me consulte pas dans toutes les décisions importantes, on ne s'appelle pas. »

Un tel « contentieux » au sein du PCRN justifie la mesure prise par la sous-préfète de Kribi II selon le ministre de l'Administration Territoriale, Paul Atanga Nji. « Il n'était pas utile ou opportun d'accorder une autorisation alors que le dossier connaît un contentieux. Parce que vous savez quand deux personnes commencent à discuter de qui fait quoi au sein d'un parti politique, ça devient problématique pour l'administration. Nous devons en tenir compte, la décision d'interdire cette activité. Je crois qu'elle est fondée. »

Cette affaire a fait réagir un autre acteur politique, l'opposant Maurice Kamto, président du MRC, dans un tweet sur X (anciennement Twitter). « Le Sous-Préfet aurait pu requérir la présence des forces de maintien de l'ordre sur les lieux de ladite manifestation pour intervenir en cas de besoin au lieu d'anticiper des troubles graves à l'ordre public sur une base spéculative. Il y a près de 400 partis politiques au Cameroun, mais un seul et ses alliés peuvent mener leurs activités normalement. »

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