Le passage du ministre de l'Intérieur à l'Assemblée nationale hier, lundi 27 novembre pour les besoins de l'examen du budget de son département ministériel a été marqué par un dialogue de sourds sur la question de l'organisation de la prochaine élection présidentielle par une personnalité neutre et indépendante. Prenant la parole, la plupart des députés membres du principal groupe parlementaire de l'opposition (en terme de sièges), Yewwi Askan Wi ont récusé Sidiki Kaba de l'organisation matérielle de ce scrutin en tant que ministre de l'intérieur. Ce dernier a tout simplement répondu par des assurances que «la vérité des urnes sera respectée».
L'opposition doit-elle reconsidérer sa position sur la question de l'organisation de la prochaine élection présidentielle ? En effet, à moins de trois mois de la date de ce scrutin prévue le 25 février de l'année prochaine, l'actuel Chef de l'Etat ne semble pas prêt à prendre en considération cette exigence de la nomination d'une personnalité «neutre et impartiale» à la tête de l'organisation de cette 13ème élection présidentielle de l'histoire politique du Sénégal comme l'avaient fait ses prédécesseurs en 2000 et en 2012. La preuve, le passage du ministre de l'Intérieur à l'Assemblée nationale hier, lundi 27 novembre pour les besoins de l'examen du budget de son département ministériel a été marqué par un dialogue de sourds sur cette question de l'organisation de la prochaine élection présidentielle par une personnalité «indépendante».
En effet, des parlementaires membres du principal groupe parlementaire de l'opposition (en terme de sièges), Yewwi Askan Wi ont récusé Sidiki Kaba de l'organisation matérielle de ce scrutin en tant que ministre de l'intérieur. «La vérité des urnes sera respectée», a rassuré Sidiki Kaba. Mieux, a insisté encore le ministre de l'Intérieur : « les élections qui seront organisées, seront transparentes. Ceux qui seront dans les centres et les bureaux de vote, constateront que ce qui sortira des urnes, sera respecté. Le Sénégal vote depuis le 19e siècle. Rassurez-vous, le lundi (26 février 2024, Ndlr), vous allez vaquer à nos occupations».
Ces assurances du ministre de l'Intérieur font suite à la demande d'une personnalité «neutre» et « non partisane » à la tête de l'organisation du scrutin présidentielle du 25 février prochain formulée par plupart des députés de l'opposition lors des débats qui ont précédé le vote du projet de budget du ministère de l'Intérieur dont les crédit alloués à la gouvernance électorale sont évalués à 23.145.229.200 FCFA en Autorisations d'engagement (AE) et à 14. 927. 229. 200 FCFA en Crédits de paiement (Cp).
«Le régime le plus impopulaire depuis les indépendances»
«En tant que militant de l'Apr, vous êtes disqualifié pour organiser ces élections», a lancé le mandataire de la coalition Sonko2024, Ayib Daffé à l'endroit du ministre de l'Intérieur. «Il y aura une alternance. Vous êtes devenus le régime le plus impopulaire depuis les indépendances. Le peuple vous a vomi», insiste encore le député de l'opposition, membre du groupe Yewwi Askan Wi. Il invite par ailleurs, « le président Macky Sall à s'inspirer de ses prédécesseurs Abdoulaye Wade et Abdou Diouf, qui avaient nommé une personnalité neutre pour organiser les élections en 2000 et en 2012 ».
«Monsieur le Ministre, vous avez la légalité d'occuper le poste de ministre de l'Intérieur. Vous êtes un excellent avocat, nous le reconnaissons. Mais, il faut avouer et accepter avec nous que vous n'avez pas la légitimité d'organiser les élections», renchérit son collègue de même groupe parlementaire Bara Gaye, député-maire de Yeumbeul. S'exprimant sur cette question de l'organisation des élections, le député Abass Fall du parti Pastef dissout par décret présidentielle du 31 juillet dernier attaqué devant la Cour suprême s'est lui aussi voulu catégorique en s'adressant au ministre Sidiki Kaba. «Nous nous battrons pour que vous n'organisiez pas les élections», a dit Abass Fall.
Cette sortie de ces députés de l'opposition sur l'organisation de la présidentielle fait suite à celle des responsables du Front pour l'inclusivité et la transparence des élections (Fite) qui regroupe la plupart des candidats à cette élection présidentielle issus de l'opposition. Lors d'une conférence de presse organisée le dimanche 26 novembre dernier, ils ont récusé l'actuel ministre de l'Intérieur pour l'organisation de cette présidentielle.