Afrique de l'Ouest: Construction d'une raffinerie d'or au Burkina - Le jeu en valait la chandelle

Le capitaine Ibrahim Traoré, président de la Transition, Ouagadougou, le 26 novembre 2023.
27 Novembre 2023

Le Burkina Faso, pays des Hommes intègres, semble résolument engagé dans la conquête de sa souveraineté. En effet, après la nationalisation de bien des sociétés et en attendant l'avènement d'une centrale nucléaire, comme le souhaitent les plus hautes autorités, le pays veut se doter d'une raffinerie d'or. La pose de la première pierre de cette usine de raffinage du métal jaune, est intervenue le 23 novembre dernier à Ouagadougou. Et si tout se passe bien, les premiers lingots d'or sont attendus dans 11 mois, c'est-à-dire d'ici à l'autonome prochain. Comment ne pas féliciter les autorités de la transition pour une telle vision ? Elles ont osé là où certains, avant elles, n'ont même pas eu le courage d'essayer. C'est tout à leur honneur.

Ainsi donc, le Burkina, petit à petit, réduit sa dépendance vis-à-vis du monde extérieur. Car, comme on le sait, il est difficile de se développer lorsqu'en grande partie, on dépend de l'autre. Et le Burkina semble l'avoir compris si bien qu'il travaille à s'affranchir de la tutelle, pour ne pas dire, de la férule des grandes puissances qui, dans leurs rapports avec les autres, sont loin de faire dans la philanthropie. En tout cas, se doter d'une raffinerie d'or, il n'y a rien de tel. Le Ghana et le Mali en disposent déjà. Pourquoi pas le Burkina Faso qui, depuis quelques années, connaît aussi un véritable boom minier ? En effet, quoi de plus normal pour un pays, que d'arriver à transformer sur place ses matières premières ?

Il faudra garder la ligne en sanctionnant sévèrement toute dérive

Du reste, rappelons que pendant longtemps, la plupart des mines du Burkina raffinaient leur or en Suisse, en Inde ou à Dubaï. Ce qui amène certains à mettre en doute les conditions de transparence, surtout quand on sait que la plupart de ces raffineries implantées à l'étranger, appartiennent à des privés. En conséquence, plutôt que de contribuer au développement de notre pays, l'or burkinabè brille pour d'autres. Les faits parlent d'eux-mêmes. En effet, en dépit de ses ressources aurifères, le Burkina Faso reste l'un des pays les plus pauvres de la planète, où la majeure partie des populations tire le diable par la queue, incapable de s'offrir trois repas par jour. Quel paradoxe !

Cela dit, on espère qu'en faisant le choix de raffiner notre or sur place, les autorités de la transition veilleront à ce qu'il y ait plus de transparence et que les retombées en profiteront au peuple dans son ensemble. Il ne faudrait surtout pas que cela devienne une occasion pour certains haut-placés de se sucrer sur le dos du peuple. D'où la nécessité, pour les plus hautes autorités, d'ouvrir l'œil et le bon. Pour ce faire, il faudra garder la ligne en sanctionnant sévèrement toute dérive dans le circuit de production ou de transformation de notre or.

En la matière, la surveillance et le contrôle doivent être nécessairement renforcés de sorte à ne permettre aucun acte de malveillance. C'est à ce prix que l'on pourrait éviter de faire de cette raffinerie qui poussera bientôt de terre, une caverne d'Ali Baba. Car, en plus de réduire notre dépendance vis-à-vis du monde extérieur, cette raffinerie d'or en construction, contribuera, à n'en point douter, à lutter contre le chômage dans notre pays et ce, à travers la création d'emplois directs et indirects. Franchement, le jeu en valait la chandelle.

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