Madagascar: Élection présidentielle - Erreur de stratégie de l'opposition

Désormais, il serait plus judicieux pour tous les états-majors politiques de se projeter vers les prochaines élections législatives et communales si on souhaite changer la donne sur l'échiquier politique.

Marc Ravalomanana est le grand perdant de cette élection présidentielle 2023. L'ancien président fêtera son 74e anniversaire le 12 décembre prochain. Sa qualification au second tour de l'élection présidentielle aurait pu être le meilleur cadeau d'anniversaire que le peuple malgache lui aurait offert. Mais cette option ne sera plus possible avec l'élection de son principal adversaire politique Andry Rajoelina dès le premier tour.

Cette année, le numéro Un de l'Empire Tiko risque de passer le pire anniversaire de sa vie car sauf changement, la Haute Cour Constitutionnelle devrait confirmer la victoire du TGV au plus tard le 4 décembre prochain. En effet, en prenant la décision de s'associer avec le Collectif des 10 candidats, Dada a commis une erreur monumentale qu'il risque de regretter toute sa vie. Cette élection constituait la dernière chance pour lui de revenir au pouvoir car en 2028, à 79 ans, il n'aura plus la force ni même la popularité pour le faire.

Nul n'ignore que cette année, Marc Ravalomanana était bien parti pour être le grand favori de cette élection présidentielle. Tous les observateurs ont annoncé un duel au second tour avec le président sortant Andry Rajoelina. On s'acheminait vers un remake du second tour de la présidentielle 2018 mais au lieu d'affronter les urnes, Dada a choisi d'appeler au boycott du scrutin.

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Ce qui lui a valu cette défaite historique. Et ce, dans la mesure où même si Ravalo n'a pas participé à la campagne électorale à cause de son association avec ces groupuscules de candidats, il s'est vu quand même crédité de 12,10% des suffrages exprimés avec 586 273 voix. Imaginez s'il avait participé pleinement à la campagne électorale.

« Contre-nature ». Quoiqu'il en soit, l'option du boycott constituait une erreur fondamentale de stratégie pour l'opposition. Cela aurait été plus efficace si cette alliance, que bon nombre d'observateurs qualifie de « contre-nature », avait été mise en place au second tour pour préparer un « Angaredona » contre le numéro 3. Tout ce qui s'est passé avant cette élection du 16 novembre montre et démontre qu'il y a une erreur fondamentale de stratégie au sein de l'opposition à Madagascar. L'histoire du chou-fleur en était l'exemple concret.

Ce légume est devenu soudainement l'emblème de leur mouvement au lendemain du jour où un piéton qui venait d'acheter un chou-fleur a été arrêté, puis relâché par les Forces de l'ordre. Par ailleurs, durant les manifestations, le Collectif des candidats n'a présenté aucun programme ni aucun projet concret de développement. Ils se sont contentés de critiquer et de proférer des attaques contre le président sortant, tout en réclamant le report de l'élection et la disqualification d'Andry Rajoelina sans aucune raison valable.

Actuellement, l'opposition exige carrément l'annulation des résultats du scrutin du 16 novembre dernier. Nul n'ignore que c'est impossible car même les observateurs électoraux internationaux ont affirmé que les quelques imperfections et irrégularités relevées par endroits ne sont pas de nature à remettre en cause la crédibilité de cette élection. Ne serait-il pas plus judicieux pour tous les états-majors politiques de se projeter vers l'avenir et se préparer aux prochaines élections communales et législatives afin de viser la majorité à l'Assemblée nationale ? Pour acquérir une efficacité politique, l'opposition doit être capable de s'unir au sein d'une seule structure afin de mettre en place un front uni contre le TGV. Reste à savoir s'ils sont capables de choisir un chef de l'opposition qui fera l'unanimité.

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