Madagascar: Conférence à l'Université de Toliara - La lutte féminine à travers la littérature au menu

La salle de conférence de l'Université de Toliara était trop exiguë pour contenir les enseignants et les étudiants venus nombreux le vendredi 25 novembre dernier pour assister à la conférence du professeur Thierry Sinda, maître de conférences des universités françaises.

Cette conférence s'intitulait « Mémoires d'ébène et Révoltes au féminin ». Elle s'appuie sur son ouvrage récemment paru qui a pour titre, « Mémoires et Révoltes au féminin, cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe » (éditions Unicité, à Paris) Martial Sinda, qui n'est autre que son illustre père, premier poète de l'Afrique Équatoriale français en 1955 et éminent professeur honoraire en histoire contemporaine à la Sorbonne.

Ce livre est une anthologie collective de recueils de poèmes, un genre nouveau réunissant les recueils de cinq poétesses de l'Afrique, de la Caraïbe et de l'Océan indien : Valiha Rakotonirainy (Madagascar), Marie Annick M'Nemosyme (Réunion), Naelle Nanda (Gabon), Yonban Ladouce (Cameroun), Sarah Sambin (Guadeloupe). Elle est la première anthologie francophone de l'Afrique, de la Caraïbe et de l'Océan Indien au féminin que l'orateur du jour a fait découvrir à l'assistance.

En effet, lors de son interview, il a souligné « que la plupart des universitaires francophones ne connaissaient jusqu'ici que des romancières de renommée internationale comme Fatou Diome. Et certains professeurs pensent que l'anthologie a valeur de manuel et ils veulent s'en servir dans leur cours ».

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Ainsi il a affirmé que c'est très important de parler de la littérature et du genre, qui est malheureusement selon lui un sujet très peu traité dans les universités dites francophones.

Ainsi, selon toujours le conférencier, l'idée ici est de montrer comment ces cinq jeunes femmes lauréates d'un grand prix de littérature qui sont issue de régions et pays différents mais qui sont unies par le fait qu'elles ont la même histoire commune, ont pu exprimer à travers leurs oeuvres, la mémoire (ébène) et la révolte au féminin.

Thierry Sinda a accentué le fait qu'à travers cette lutte féminine exprimée par la poésie de ces femmes il y a deux aspects : d'un côté, la lutte des femmes depuis plusieurs siècles et qui n'est pas toujours terminée et d'un autre côté, l'histoire du peuple noire où leurs femmes ont en quelques sortes subi une double peine car elles sont femmes et surtout elles sont noires.

Elles sont discriminées en tant que femmes comme les femmes du monde entier mais aussi discriminées en étant des femmes noires.

Ainsi poursuit-il à partir de la lecture illustrative des cinq poétesses il y a deux féminismes qui se dégagent : le féminisme blanc où la femme blanche cherche à prendre le pouvoir sur l'homme d'un côté et de l'autre coté le féminisme noire où la femme va s'élever au niveau de l'homme et elle va mener un combat commun pour sortir leurs pays du mal développement.

Littérature francophone ou francographe.En gros, la problématique soulevée par le professeur Thierry Sinda lors de cette conférence est de mettre en exergue à travers les siècles : les luttes féministes et l'histoire dramatique du peuple noir qui ont nourri l'expression poétique de la mémoire et de la révolte de ces cinq auteures ou poétesses.

Les mots « francophonie » et « francographie » ont donné lieu à discussion durant cette conférence, ainsi il a expliqué que « La littérature francophone » est un non-sens, puisque le suffixe « -phone » renvoie au « son », exemple « téléphone », alors que le suffixe « -graphe » renvoie à « l'écrit », exemple « orthographe », « télégraphe ».

On peut être malgachophone (avoir pour langue maternelle le malgache) et francophilie (aimé la France) et être malgachographe (écrire en malgache) et francographe (français), nous dit le conférencier.

A l'issue de cette conférence, des enseignants parmi l'assistance veulent rebaptiser le « département de littérature française et francophonie » en « département de « littérature française et francographe ».

Ils ont remercié le conférencier d'avoir ouvert de nouvelles portes qui leur permettront de faire des recherches et des collectes littéraires sur les femmes de Tuléar.

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