L'Assemblée nationale du Cameroun est secouée par un conflit familial sans précédent, révélant des luttes de pouvoir au plus haut niveau de l'État. Une série d'événements tumultueux a éclaté le 9 novembre 2023, lorsque l'arrêté du président de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, a mis fin aux fonctions de son directeur de cabinet, Boukar Abderahim, pour le remplacer par Kamsouloum Elhadji Hachimi, proche du président.
Cependant, cette décision a été contestée par un autre arrêté diffusé sur les réseaux sociaux le même soir, annulant le premier arrêté présidentiel. Ce conflit apparent cache en réalité une bataille familiale qui agite les couloirs du pouvoir.
Cavaye Yeguie Djibril, polygame, a nommé près d'une trentaine de membres de sa famille à des postes à l'Assemblée nationale. Parmi eux, son fils, lieutenant Ibrahim Yeguié Djibril, occupe un poste au cabinet présidentiel, cumulant également les fonctions de chef de la sécurité de son père. Boukar Abderahim, le directeur de cabinet limogé, est son neveu et, de surcroît, le mari de Hadidja Bague Yeguie, fille de la troisième épouse de Cavaye Yeguie Djibril, employée en tant que secrétaire d'administration à l'Assemblée nationale.
Cette situation de liens familiaux étroits semblait longtemps être acceptée dans la tradition musulmane. Toutefois, une rupture ouverte a récemment éclaté entre Boukar Abderahim et Fadimatou Cavaye, quatrième épouse du président de l'Assemblée nationale. Fadimatou, proche de la première dame Chantal Biya et membre du CERAC, reproche à Boukar Abderahim son influence excessive sur son mari.
Une scission s'est faite ressentir au point où Fadimatou n'était pas incluse dans la liste des personnes devant accompagner Cavaye Yeguie Djibril pour des soins médicaux récents. Des tensions grandissantes opposent également la troisième épouse à Fadimatou, l'accusant d'avoir orchestré le limogeage de son beau-fils, Boukar Abderahim.
Au milieu de ces rivalités familiales exacerbées, l'installation du nouveau directeur de cabinet, Kamsouloum Elhadji Hachimi, est bloquée. Les tensions au sein de l'Assemblée nationale reflètent les luttes de pouvoir et les rivalités internes qui déchirent les sphères dirigeantes du Cameroun, ébranlant la stabilité politique du pays.
Cette crise met en lumière les dysfonctionnements au coeur du pouvoir, illustrant comment des intérêts familiaux peuvent compromettre la gestion et le fonctionnement même des institutions nationales.