Madagascar a participé à la 20e session de la Conférence générale de l'ONUDI (Organisation des Nations-Unies pour le Développement Industriel). A cette occasion, le ministre Edgard Razafindravahy a mis en avant une approche novatrice et locale.
Un discours percutant. C'est ce qu'a lancé le ministre de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation Edgard Razafindravahy, hier, lors de la Conférence générale de l'ONUDI. Dans un contexte mondial de défis multiples liés au développement, à l'environnement et à l'économie, Madagascar se positionne avec audace pour repenser son industrialisation. « Une mondialisation équitable : Des solutions novatrices pour l'industrie de demain » était le thème central de cette rencontre internationale, et le ministre malgache a souligné avec conviction la nécessité de relever le défi crucial de l'autonomie économique et de la souveraineté réelle, en mettant l'accent sur l'importance de l'industrialisation pour y parvenir.
L'une des problématiques majeures abordées par Razafindravahy fut le faible pouvoir d'achat de la population malgache, entravant ainsi le développement d'une industrie axée sur la satisfaction des besoins locaux. Madagascar se trouve face à un double défi : industrialiser tout en maintenant des prix accessibles pour sa population.
Spécialisation adaptée
L'approche singulière de Madagascar réside dans un mariage astucieux entre deux échelles et temporalités différentes : l'attraction d'investissements à plus long terme et une industrialisation à petite échelle, agile et dynamique. La politique « One District One Factory » (ODOF), visant à établir 119 unités industrielles de proximité dans chaque district du pays, incarne cette vision.
Cette stratégie repose sur la proximité des unités de production avec les matières premières locales et les consommateurs, facilitant une réponse compétitive aux besoins essentiels comme l'huile, le sucre ou la farine.
Le Gouvernement malgache a choisi d'acquérir ces unités industrielles pour les confier ensuite à des entrepreneurs privés, sous condition de collaboration avec les coopératives agricoles et de tarifs compatibles avec le pouvoir d'achat local.
En effet, cette approche favorise la création de nombreuses petites entreprises plutôt que d'immenses industries, dans l'optique de bâtir un système industriel local interdépendant au sein de Zones Pépinières Industrielles, un concept innovant pour enclencher un processus d'industrialisation à petite échelle.
Durable et inclusive
Parallèlement, Madagascar a signé un Pacte de programmation industrielle avec le secteur privé, planifiant l'industrialisation jusqu'en 2040 et visant à doubler la part de l'industrie dans le PIB du pays. Cela s'articule autour de secteurs porteurs tels que l'agro-industrie, les huiles essentielles, le textile, la transformation minière et l'énergie, attirant ainsi les investissements privés via une nouvelle loi sur les investissements répondant aux normes internationales.
Cette démarche, unique et orientée vers une industrialisation à la fois locale, durable et inclusive, suscite un intérêt accru dans les enceintes internationales.
Razafindravahy a conclu son discours en soulignant l'importance de la coopération internationale et de l'apprentissage mutuel pour relever les défis communs, affirmant l'engagement résolu de Madagascar dans cette voie de développement.
Ce modèle, s'il réussit, pourrait non seulement transformer l'économie malgache mais également offrir des leçons précieuses à d'autres nations cherchant à équilibrer croissance économique, autonomie locale et durabilité dans un contexte de mondialisation en mutation.