Afrique: Un champion de l'éducation des réfugiés, né en Somalie, remporte le prix le plus prestigieux du HCR

Abdullahi Mire (à droite) soutient des initiatives en matière d'éducation dans le complexe de réfugiés de Dadaab, au nord-est du Kenya (photo d'archives).
28 Novembre 2023

Un ancien enfant réfugié né en Somalie, qui s'est consacré à changer des vies grâce à l'éducation, a été nommé lauréat de la prestigieuse distinction Nansen pour les réfugiés du HCR de cette année.

Abdullahi Mire a grandi dans le vaste complexe de réfugiés de Dadaab, dans le nord-est du Kenya, qui compte aujourd'hui plus de 240.000 réfugiés enregistrés, la plupart provenant de la Somalie.

L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) y coordonne les opérations avec ses partenaires, en s'appuyant également sur le soutien du gouvernement kenyan et des communautés d'accueil.

La majorité de la population, environ 56% selon les chiffres de 2020, est constituée d'enfants.

À cette date, plus de 60.000 élèves étaient inscrits jusqu'au niveau secondaire. Malgré cela, la demande d'enseignants, de fournitures et de salles de classe a longtemps été supérieure à l'offre, ce qui s'est traduit par de mauvais résultats en matière d'éducation.

Pionnier de l'éducation

Parmi ceux qui ont réussi à terminer l'école secondaire, seul un petit nombre a pu poursuivre dans l'enseignement supérieur.

M. Mire a lui-même vécu 23 ans dans le complexe de Dadaab, à partir du début des années 1990, et a obtenu un diplôme de journalisme et de relations publiques en 2013 à l'Université Kenyatta du Kenya.

Après avoir travaillé pour l'agence des Nations Unies pour les migrations, l'OIM, en Somalie, et s'être spécialisé dans le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants, il s'est rendu compte que sans savoir lire et écrire, de nombreuses personnes subissaient un lavage de cerveau et se radicalisaient.

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Un changement de vie

Son expérience l'a amené à créer en 2018 le Refugee Youth Education Hub (RYEH), qui se concentre sur l'éducation des réfugiés et le développement de la jeunesse.

« Je veux changer la vie des enfants et des jeunes réfugiés vivant à Daadab », a-t-il déclaré à la Mission d'assistance des Nations Unies en Somalie (UNSOM) en 2020.

« Le seul moyen d'y parvenir est l'éducation. Si vous donnez une éducation de qualité à ces enfants ou à ces jeunes, leur vie s'améliorera pour de bon », a-t-il ajouté. « Pour que les sociétés progressent, en particulier celles qui se remettent de décennies de conflit, l'éducation doit être une priorité. Je pense qu'elle est la sage-femme de la paix et de la stabilité, si ce n'est plus ».

Personnifier le changement

S'exprimant à l'occasion de l'annonce du prix, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déclaré que Abdullahi Mire « vit le changement ». « Abdullahi Mire est la preuve vivante que des idées transformatrices peuvent naître au sein des communautés déplacées. Il a fait preuve de beaucoup d'ingéniosité et de ténacité pour améliorer la qualité de l'éducation des réfugié », s'est félicité M. Grandi.

Le HCR a indiqué qu'après avoir grandi dans les camps de Dadaab, M. Mire s'était réinstallé en Norvège, « mais le désir ardent de servir sa communauté l'a fait revenir ».

Son centre d'éducation a ouvert trois bibliothèques dans les camps - remplies de livres donnés - et a élargi les possibilités d'apprentissage pour des dizaines de milliers d'enfants et de jeunes déplacés.

« La victoire n'est pas pour moi seul », a souligné M. Mire, 36 ans. « Elle est pour tous les bénévoles avec lesquels je travaille... Elle est pour les enfants dans les écoles ».

Les lauréats régionaux

Le HCR a également annoncé les lauréats régionaux qui seront récompensés cette année :

- Elizabeth Moreno Barco (Amériques) : une défenseure des droits de l'homme qui défend les communautés affectées par le conflit armé interne en Colombie.

- Asia Al-Mashreqi (Moyen-Orient et Afrique du Nord) : fondatrice et présidente de la Fondation pour le développement durable, qui a aidé près de deux millions de personnes au Yémen touchées par le conflit.

- Abdullah Habib, Sahat Zia Hero, Salim Khan et Shahida Win (Asie-Pacifique) : quatre conteurs rohingyas qui documentent les expériences des réfugiés rohingyas apatrides.

- Lena Grochowska et Wl̸adysl̸aw Grochowski (Europe) : un couple polonais dont la chaîne hôtelière et la fondation offrent un abri et une formation aux réfugiés.

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