Sénégal: Un budget de plus de 219 milliards FCFA pour l'Agriculture, dont 86% destinés aux investissements

Dakar — Le projet de budget du ministère de l'Agriculture, de l'Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire, voté mardi par les députés, est arrêté à la somme de 219 milliards 494 millions 446 mille 493 FCFA en autorisations d'engagement et 207 milliards 842 millions 023 mille 528 FCFA en crédits de paiement.

Cent huit (108) députés ont voté pour son adoption et 26 autres se sont abstenus.

Le ministre des Finances, Mamadou Moustapha Bâ, a fait état d'une hausse significative du budget d'investissement, qui est »passé de 63 milliards FCFA en 2023 à 114 milliards 900 millions en 2024, soit [une augmentation de] 82,3% » en valeur relative.

Mamadou Moustapha Bâ a précisé que "86% du budget de ce ministère est consacré à l'investissement, destiné exclusivement aux acteurs du secteur". Selon lui, "la baisse des transferts courants est consécutive au reclassement de crédits alloués à l'amélioration de la productivité de l'agriculture".

Répondant aux préoccupations des députés, Samba Ndiobène Ka est revenu sur le prix plancher de l'arachide, soulignant qu'il ne s'agit pas pour l'Etat de léser les agriculteurs. "L'Etat a mis en place ce prix de 280 FCFA pour protéger les producteurs", a-t-il expliqué, notant que les producteurs ont la possibilité de vendre au-delà de ce prix.

Il a aussi insisté sur les ressources financières de l'Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), qui ont "évolué de 7,26 milliards FCFA en 2011 à plus de 11, 23 milliards en 2022-2023". "Parallèlement à cette évolution budgétaire, il rappelle que le décret 2012-371 portant augmentation de la rémunération du personnel n'est entré en vigueur qu'en 2012.

"Dans le souci d'améliorer les conditions de travail du personnel de l'ISRA, le président Sall, en date du 30 mars 2022, avait donné des instructions fermes pour l'actualisation des missions, de l'organisation, du fonctionnement de l'ISRA mais aussi, et surtout, du statut des chercheurs en activité", a-t-il rappelé.

Il a assuré que sur "sur les trois décrets y afférents, l'un relatif à l'organisation et au fonctionnement est déjà signé". "Les deux autres portant sur la fixation des grilles des salaires sont sur la table du ministre des Finances", a fait savoir le ministre. Moustapha Bâ a confirmé ces propos, attestant que le problème est en train d'être pris en charge. Selon lui, tout est en place pour décanter la situation »avant la fin de l'année ».

Le ministre de l'Agriculture a rappelé que le volet agricole rural est pris en compte par "l'ANCAR, la SAED, la SODAGRI en fonction des zones et des régions d'intervention".

"Je voudrais rassurer des dispositions idoines à prendre, surtout dans le cadre de l'exécution de la stratégie nationale de la souveraineté alimentaire pour renforcer l'ANCAR sur le plan logistique, ressources humaines et ressources financières", a-t-il dit.

Modernisation de l'agriculture

Le ministre est également revenu sur « la modernisation de l'agriculture, avec la promotion de la mécanisation agricole, motorisée et attelée". Il a relevé la mise en place de la direction de la modernisation de l'équipement rural pour »prendre en charge ce vol important relatif aux infrastructures agricoles modernes en quantité et en qualité".

Samba Ndiobène Ka a souligné que "le gouvernement a acquis de 2012 à nos jours 109 mille unités de matériels agricoles, 12 687 unités motorisées avec plus de 2300 tracteurs". Il y a également "189 moissonneuses batteuses, des unités de transformation mais aussi plus de 96 mille unités de culture attelées ».

Il a rappelé que la "modernisation rime avec la promotion de la maîtrise d'eau qui est mise en oeuvre, soit par les sociétés ou agences nationales comme la SAED, la SODAGRI, mais aussi des agences telles que l'ANIDA, ou par des projets et programmes au niveau du ministère".

Toujours dans le domaine de la modernisation de l'agriculture, il a évoqué "les efforts récents de l'Etat, notamment en termes de renforcement de capacité de stockage des produits agricoles au sens large et des produits horticoles de façon particulière".

Unités de conservation des produits

Le ministre Samba Ndiobène Ka relève qu"'il est prévu, dans le cadre de l'exécution du projet Intermaq, la mise à disposition de 14 entrepôts frigorifiques de 6500 mètres cubes chacun et de 100 magasins de stockage des produits agricoles secs d'une capacité de 250 mille tonnes". "Ces différentes infrastructures participent à la bonne conservation de nos produits agricoles", a expliqué le ministre.

Selon lui, "la souveraineté alimentaire est sur le point d'être atteinte dans ce domaine, à condition que les Sénégalais se donnent la main".

Mamadou Lamine Thiam, député de l'opposition, a salué les efforts du gouvernement dans la mise en place des politiques agricoles. Cependant, il a souhaité l'organisation d »assises », pour voir »si les moyens de l'Etat arrivent aux vrais destinataires et si les formes de transformation sont efficaces ». Il a suggéré aussi « un vrai débat sur l'agriculture de subsistance et les gros producteurs ».

Les députés déplorent la »faiblesse » du budget

Lors des discussions, les députés ont beaucoup déploré »la faiblesse » du budget pour un ministère aussi »stratégique » que celui de l'agriculture. « Le budget doit même aller jusqu'à 600 milliards de francs », a plaidé Kéba Diop.

Les députés sont revenus sur la campagne agricole et suggéré la culture à "grande échelle" pour atteindre la souveraineté alimentaire.

Mame Diarra Fam (Wallu) et ses collègues ont plaidé pour »le renforcement et la valorisation de la culture du fonio, du niébé, des pastèques et du maïs dans le département de Linguère ». Ils ont appelé à »l'aménagement des vallées aussi bien au nord qu'au sud du pays ».

Les députés ont invité le ministère à réhabiliter et renforcer les directions régionales de développement rural et les services départementaux de développement rural ainsi que les centres de formation.

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