Afrique: Jeunesse africaine et COP28 - Au Kenya, sécheresse et pollution incitent les militants à se mobiliser

Alors que le continent africain subit de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique, un sentiment d'urgence anime la jeunesse qui veut que le monde et la COP28 à Dubaï, du 30 novembre au 12 décembre, passent enfin à l'action. Du Niger au Kenya, en passant par le Ghana, portrait de trois jeunes militants qui se mobilisent sur le terrain en faveur de l'environnement. Première partie, le Kenya.

Nous sommes au Kenya, actuellement frappé par le phénomène El Niño, qui génère aussi bien sécheresse que pluies torrentielles. Mais cela fait déjà plusieurs années que la météo est chamboulée dans ce pays d'Afrique de l'Est. Pour Susan Sindani, 28 ans, le tournant date de 2015. À cette époque, les pluies ont cessé de tomber sur sa ville natale de Bungoma, à l'ouest du Kenya, région autrefois fertile, un phénomène climatique qui bouleverse les récoltes : « Dans ma communauté, il arrivait rarement que nous ayons des périodes de sécheresse, ce sont des problèmes que rencontraient les communautés pastorales vivant dans les terres semi-arides et arides. Mais un jour, c'est arrivé chez nous, et nous avons compris qu'il fallait faire quelque chose. »

Sur le terrain, elle mène des campagnes de sensibilisation et propose du contenu pédagogique en ligne pour informer le public. En juin 2023, cette experte en communication est désignée par le ministère kenyan de l'Environnement et des forêts pour élaborer un plan national d'action climatique : « J'ai été directement touchée par le changement climatique. Je sais maintenant que j'ai une responsabilité, celle de jouer mon rôle et d'encourager mon entourage à faire de même ». Aujourd'hui basée à Nairobi, Susan Sindani mène des actions de reboisement dans ce pays abimé par la déforestation.

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Pollution de l'air et embouteillages

Autre fléau : la pollution de l'air. L'OMS estime à 20 millions, le nombre de Kényans qui souffrent de problèmes respiratoires : « Si vous venez à Nairobi, explique encore Suasan Sindani, vous verrez des voitures partout. Dans certains coins de la capitale, la congestion nasale est tellement courante qu'aujourd'hui lorsque vous attrapez un rhume, il vous faut presque un mois avant de vous rétablir ». Des complications respiratoires aggravées, selon elle, par le phénomène El Niño qui amplifie les précipitations, provoquant des embouteillages.

Chaque année en effet, 19 000 personnes au Kenya meurent en raison de la mauvaise qualité de l'air, selon l'OMS. L'une des causes, les voitures de seconde main importées massivement de l'étranger. Elles échappent souvent aux contrôles, explique Bérénice Bon, chercheuse à l'Institut de recherche et développement (IRD), au micro de Christina Okello : « Il y a une très forte demande de voitures privées. C'est très facile. Vous êtes à Nairobi et en dix minutes, vous achetez une voiture japonaise sur une plateforme d'enchères via internet. En quelques minutes, et votre véhicule arrive. Le gouvernement a essayé d'intervenir - par exemple - en émettant une législation comme quoi tous ces véhicules japonais ne doivent pas être plus âgés de huit ans. Mais il y a encore beaucoup de contournements de ces législations, notamment des véhicules qui arrivent complétement désossés ou qui ne respectent pas certaines technologies pour filtrer les particules émises. »

« Pas de suite politique »

« Il y a un certain flou qui réside sur la mise en application de standards, dit encore Bérénice Bon. Certes, les acteurs politiques, voire même les habitants de Nairobi sont informés des niveaux de pollution dans les différents quartiers, parce que, depuis à peu près une vingtaine d'années, ont été installés des petits micro-capteurs pour capter cette pollution. Mais le problème, c'est la production - par la suite - de ces données, elle est fragmentée entre plein d'acteurs et il n'y a pas de suite politique à ce problème. »

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