Le ras-le-bol a-t-il atteint son point culminant ? À vrai dire, les réponses dépendent de ce que voient les observateurs.
Mais, ce qui est sûr, c'est que les choses ne tournent plus rond depuis trois ans.
Les Malgaches n'arrivent plus à tenir, c'est le constat qu'on peut faire.
Pourtant, vu de l'extérieur, ils ont l'air normal. Vont-ils garder ce visage à moitié triste et à moitié souriant ?
Jusqu'à quand ils vont se laisser aller pour enfin lâcher prise ? On verra !
Ces temps-ci, un vent assez étrange souffle sur le pays. Ça pèse lourd dans les poumons.
On n'arrive pas à respirer convenablement car il est composé de particules bizarres qui rendent mal à l'aise. Une impression de déjà vu.
Les Malgaches ont l'impression de respirer l'air de 2002, l'ère de la crise post-électorale. Rappelons que l'élection présidentielle de l'époque avait eu lieu le 16 décembre 2001, cette année, ce fut le 16 novembre.
Les superstitieux vont dire que rien n'arrive par hasard tandis que les rationnels vont affirmer que ça n'a rien à voir.
Cependant, la majorité des Malgaches croient au mauvais présage sans le dire ouvertement.
Se livrer à ce genre de discussion est tout de même une aberration !
Il faudrait laisser ce domaine aux spécialistes, voire aux moasy, ces personnages atypiques qui soulagent les consciences des hauts dignitaires lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu !
Ce qui interpelle ici, c'est le schéma politique très intéressant. Certes, il n'y a guère de similarité.
En revanche, les présidents sortants ont le même enthousiasme, la même attitude. Tous deux ont cru à cette façon de parler, « Nous sommes avec vous ! », une belle phrase qui rassure, à en croire les milliers de personnes remplissant les stades, rien que pour venir écouter les belles promesses.
D'autre part, ces deux hommes d'Etat malgache souffrent du même syndrome, « Tsy hiala aho e », littéralement, «j'y suis, j'y reste ».
Une affection politique, surtout lorsqu'on a gouverné plus de 10 ans...
Ils ont un adversaire commun ! Les choses vont-elles se répéter de la même manière ? se demandent les témoins oculaires de l'événement qui s'est déroulé il y a 20 ans , en se souvenant de certains candidats qui se sont ligués pour renverser le géant Deba !
« La crise de 2002 a duré six mois. C'est l'allure qui ressemble à celle que nous vivons actuellement », a fait savoir Mina Masy, une contemporaine de la manifestation populaire (2001-2002).
Néanmoins, tout a changé.
La génération actuelle semble ne pas avoir la ferveur de leurs aînés.
Ils sont trop réservés pour être des réservistes. En somme, la situation actuelle s'avère inquiétante.
Comme le signale le linguiste et spécialiste en droit maritime malgache Lemarin Diny, « Les études sur le niveau de bonheur dans le monde placent notre pays à la 127e place, avec une chute rapide ces dernières années. Au-delà du caractère subjectif de ces études, la détérioration du bien-être dans notre pays est illustrée par la croissance de l'émigration nette et le désir d'émigration de nos jeunes ».