Tunis — Des mesures combinées d'adaptation et d'atténuation pour faire face au changement climatique et décarboner le secteur de l'électricité, pourraient faire grimper la croissance du PIB à 8,8 % d'ici 2030, réduire la pauvreté et diminuer les émissions liées à l'énergie, indique un "Rapport national sur le climat et le développement en Tunisie" publié, mercredi, par le Groupe de la Banque mondiale en prélude à la COP28.
En revanche, "l'inaction pourrait provoquer des pertes de PIB allant jusqu'à 3,4 % d'ici 2030, entraînant des pertes annuelles qui devraient se chiffrer à environ 5,6 milliards de dinars (1,8 milliard de dollars)".
Le rapport de la BM évoque des mesures publiques et des possibilités d'investissement susceptibles de réduire les effets du changement climatique sur les populations et les entreprises et d'améliorer la compétitivité de l'économie tunisienne.
"Les pénuries d'eau, l'érosion côtière et les inondations réduiraient le PIB réel de 3,4 % en 2030, si rien n'est fait pour y remédier. Les pertes annuelles atteindraient 6,4 % du PIB en 2050, soit 10,4 milliards de dinars (3,4 milliards USD) en valeur actuelle nette. Une grande partie de ces pertes est due à l'impact des pénuries d'eau. En conséquence, le secteur agricole serait particulièrement touché, sa valeur ajoutée devant diminuer de 15 % d'ici à 2030 (et de 29 % d'ici à 2050). Une baisse de la production agricole réduirait les exportations nettes, tandis que les importations augmenteraient pour combler l'écart entre l'offre et la demande, en particulier dans l'agriculture. En conséquence, le déficit de la balance courante se détériorerait de plus de 6 % en 2030. Cela exacerberait l'équilibre extérieur déjà fragile de la Tunisie. En outre, d'ici à 2030, le taux de pauvreté augmenterait à 21,3 %", selon ce document.
Le rapport a rappelé que « le Gouvernement tunisien a élaboré des stratégies de haut niveau pour lutter contre le changement climatique et favoriser une transition écologique, mais malgré ces engagements, des pénuries de financement, des changements fréquents de gouvernement, des entraves au niveau du secteur public et un déficit budgétaire croissant (dû en partie à l'efficacité limitée des dépenses publiques en énergie) ont réduit la mise en oeuvre de l'action climatique par l'Etat ».
//Mettre en place d'un nouveau modèle économique
Le rapport de la BM plaide ainsi, en faveur d'un nouveau modèle économique pour faire face au contexte économique et social difficile et à la vulnérabilité de la Tunisie face au changement climatique. Un nouveau modèle qui met l'accent sur le rôle du secteur privé dans la création de la plupart des emplois, tandis que l'État se concentre sur sa fonction de réglementation, sur le financement des dépenses présentant les rendements sociaux et économiques les plus élevés et sur l'affectation des ressources à des interventions qui sont à la fois durables sur le plan économique et environnemental.
Le modèle proposé impliquerait des changements majeurs, tels que l'utilisation de la tarification pour rationaliser la consommation des ressources et la création de conditions économiques favorables aux investissements privés dans l'adaptation au climat et la décarbonation.
Étant donné que la Tunisie ne peut actuellement accroitre sa dette, le pays devrait également, selon la BM, créer les conditions macro-financières propices pour que les investissements publics et privés financent ses objectifs climatiques.