Afrique de l'Est: Feuille de route de l'opposition - Manoeuvre d'exclusion d'Andry Rajoelina

Les perdants du scrutin du 16 novembre 2023 proposent un partage de « seza » pour une période intérimaire qui est une Transition qui ne dit pas son nom.

Unilatérale

La plateforme de l'opposition est pour la mise en place en décembre 2023, d'une « structure intérimaire » dans sa « Proposition de Feuille de route de sortie de la crise politique et institutionnelle ».

En fait, c'est une pâle voire une mauvaise copie de la Feuille de route de sortie de crise de 2011, à la grande différence que celle de 2023 est élaborée d'une manière unilatérale par le Collectif des 11 candidats.

Il ne s'agit point d'une initiative de la communauté internationale.

Contrairement à l'accord politique signé 13 ans auparavant au Paon d'Or, sous les auspices de la SADC, en vertu du principe de subsidiarité.

Et qui devait reconnaître Andry Rajoelina comme président de la Transition.

Transition 2023

Dans cette proposition de Transition 2023 qui ne dit pas son nom, il est précisé que « l'ancien président sortant, par sa naturalisation française, ne sera plus éligible d'être candidat à la présidence de la République. Cependant, son parti et ses membres pourront participer au processus intérimaire et aux futures élections ».

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Force est de constater qu'il s'agit purement et simplement d'une manoeuvre d'exclusion ou d'élimination politique du président sortant qui vient d'être réélu largement dès le premier tour de scrutin, pour un second mandat de 5 ans, selon les résultats provisoires publiés par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et confirmés sans doute demain par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC).

Contradiction

Pareille exclusion visant à mettre hors circuit le vainqueur officieux du scrutin du 16 novembre 2023, est en contradiction avec l'esprit et la lettre de la Feuille de route en question qui prévoit une « structure intérimaire neutre et inclusive, dont la mission principale est d'organiser des élections crédibles, libres, transparentes, impartiales et acceptées par tous ».

L'accord politique concocté par la bande des Onze parle également de « rétablissement de l'ordre démocratique » en proposant paradoxalement que « le Premier ministre serait un militaire qui sera nommé par consensus ».

Et que « l'Assemblée nationale et le Sénat resteraient en place pendant la période intérimaire ». Censée durer jusqu'aux élections en juin 2024.

Séparation des pouvoirs

En somme, la durée de la Transition - pour appeler un chat un chat - est de 6 mois.

Elle prendrait fin après les élections dont le règlement du contentieux et la proclamation des résultats seraient confiés à une Cour Électorale Spéciale (CES) comme en 2013. Exit l'actuelle HCC et mise en place d'« une nouvelle CENI ».

Quant au gouvernement, il « serait nommé par le président intérimaire sur proposition du Premier ministre ».

D'après le schéma d'accord politique, « la présidente de l'Assemblée nationale serait le chef de l'Etat, assurant les fonctions de président intérimaire ».

Ce qui entre en contradiction avec le principe de séparation des pouvoirs entre l'Exécutif et le Législatif alors qu'il est question de « Proposition de Feuille de route de sortie de crise politique et institutionnelle ».

Déni des élections

Si l'existence ou pas d'une crise politique prête à discussion, la crise institutionnelle si c'est le cas, est en passe d'être réglée avec l'élection d'un président de la République qui est synonyme de retour à la normalité constitutionnelle.

La mise en place d' « une structure intérimaire » serait un retour 13 ans en arrière et un déni des élections qui sont l'occasion pour le peuple de s'approprier la souveraineté et d'exercer son pouvoir, par ses représentants élus au suffrage universel direct.

C'est le cas des 5 119 492 électeurs lors du scrutin du 16 novembre 2023 dont les votes ne pourraient pas être annulés par un accord politique inscrit sur une Feuille qui ne tient pas forcément la route.

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