Le Directeur par Intérim du Centre de Recherches Agricoles (CRA) de l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) de Saint-Louis, Moussa Dieng, a témoigné hier de l'importance du numérique, lors d'un atelier de clôture du Projet dénommé Fracture Numérique, déroulé dans trois pays notamment au Bénin, en République de Côte d'Ivoire et au Sénégal, entre 2021 et 2023. Selon lui, le numérique est un outil incontournable dans le développement de l'activité pastorale. Il trouve également en cet outil une solution efficace pour lutter contre le vol de bétail. Le Projet proprement dit a été mis en oeuvre par l'ISRA et le CIRAD, sur financement du ministère Européen des Affaires étrangères.
Financé par la France au travers du ministère Européen des Affaires étrangères, le projet dénommé Fracture Numérique, qui vient de prendre fin, avait comme objectif d'améliorer les connaissances sur les accès, capacités et usages du numérique en agriculture en Afrique de l'Ouest, afin de proposer des chemins de développement inclusif. Clôturé hier, ce projet a été déroulé entre 2021 et 2023 au Bénin, en République de Côte d'Ivoire et au Sénégal et a permis d'étudier, dans ces pays, la numérisation de trois filières contrastées respectivement à savoir la filière du maraîchage périurbain, du cacao export et du lait en zone agropastorale.
Une occasion qu'a saisi le Directeur par intérim du Centre de Recherches Agricoles (CRA) de l'ISRA de Saint-Louis, Moussa Dieng, pour faire part de l'importance du numérique dans le développement de l'activité pastorale, surtout pour ce qui concerne le Sénégal. À l'en croire, «le numérique est aujourd'hui incontournable en ce sens qu'il aide beaucoup les éleveurs dans l'identification des zones de pâturage et aussi dans la commercialisation de la viande de bétail. Il a relevé les nombreux avantages que le secteur agricole en particulier celui de l'élevage pourrait tirer du numérique pour se développer. Autant pour la vente du mouton pour les besoins de la Tabaski que pour avoir des informations sur les prix, le numérique peut être très utile et bénéfique pour les acteurs du secteur», a expliqué Moussa Dieng.
Pour rappel, l'étude a été menée, au Sénégal, dans la zone de Richard-Toll, pour des raisons de disponibilité des moyens et aussi de son ouverture aux nouvelles technologies par rapport aux zones plus enclavées du département de Dagana. Cet atelier de clôture était donc l'occasion pour les différents acteurs de partager les résultats du travail mené, de discuter des leçons apprises et de mettre en avant les réussites du projet. Ce qui pourrait déboucher sur de nouvelles questions de recherche et idées de projet à conduire dans le domaine. Pendant presque neuf tours d'horloge, acteurs clés, partenaires, bénéficiaires du projet et experts dans le domaine des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) ont longuement échangé sur les acquis de ce projet.
Pour sa part, la chercheuse socio-économiste au CIRAD, Senera Ferrari, basée à Saint-Louis, a relevé un certain nombre de fractures notées dans le secteur agricole dans les trois pays cibles du projet notamment au Bénin, en République de Côte d'Ivoire et au Sénégal. «Il y a des fractures en ce qui concerne le numérique car on a noté des décalages entre zones enclavées et zones urbaines ; entre générations mais également entre populations riches et moins nanties en plus aussi de la fracture entre hommes et femmes. Ainsi ce projet a permis de réfléchir sur des recommandations politiques pouvant contribuer au développement de ce secteur», a-t-elle rappelé, tout en estimant que, pour atténuer les inégalités, le numérique devrait être plutôt perçu comme un service de base comme l'éducation ou la santé.