Nous appelons à un Code de la famille moderne qui soit au diapason des mutations et non pas un Code moyenâgeux
« Il y a une perte de temps précieux dans le secteur de l'éducation, surtout après l'annonce du gel du statut unifié des fonctionnaires de l'Education nationale. Nous avons proposé au gouvernement cette solution il y a 15 jours afin de restaurer la confiance, entamer le dialogue avec les syndicats et, partant, mettre fin aux tensions dans ce secteur».
C'est ce qu'a rappelé le Premier secrétaire de l'USFP, Driss Lachguar, lors de son passage, mercredi 29 novembre 2023, dans l'émission «Maa Erramdani» (Avec Erramdani) diffusée sur la deuxième chaîne (2M).
Le Premier secrétaire a estimé que la rencontre que le chef du gouvernement a tenue, lundi dernier, avec les syndicats les plus représentatifs de l'enseignement, aurait pu avoir lieu avant cette date, précisant que le gouvernement aurait dû être proactif et tenir une réunion avec les partis politiques ou les autres parties concernées par ce sujet, telles que les associations de parents d'élèves.
Driss Lachguar a indiqué que des décisions importantes ont été prises et que de grands efforts ont été déployés, mais sans que le gouvernement ne s'efforce de clarifier tout cela aux citoyens, affirmant que la quintessence de l'action politique est la communication.
Il a également critiqué le gouvernement qui a tenu à publier le statut unifié des fonctionnaires de l'Education nationale dans le Bulletin officiel sans concertation avec les syndicats.
Le Premier secrétaire de l'USFP a mis l'accent sur l'impératif de prendre des mesures pour accompagner ce que le gouvernement a annoncé lors de sa dernière réunion avec les syndicats et de discuter de toutes les solutions et possibilités alternatives, appelant au report des examens pour garantir l'égalité des chances entre les élèves du secteur public et ceux du privé.
Dans le même ordre d'idées, le dirigeant ittihadi a souligné la nécessité d'assurer l'éducation pour tous les élèves et de prendre en compte leur droit à l'éducation comme principe constitutionnel, appelant les fonctionnaires de l'enseignement à faire preuve de bonne foi et à retourner à leurs classes tout en utilisant d'autres moyens d'exprimer leur colère et leur protestation tels que le port du brassard rouge, et ce dans l'attente des outputs de la commission mixte constituée récemment.
Par ailleurs, Driss Lachguar a mis en garde contre la domination des partis de la majorité gouvernementale portant atteinte aux équilibres entre les institutions dans notre pays.
L'opposition est privée d'exercer ses droits constitutionnels et n'a même pas le droit de constituer une commission d'enquête.
La nécessité d'un front national fort pour rétablir l'équilibre institutionnel et faire face à l'hégémonie du gouvernement et de sa majorité, dixit le Premier secrétaire de l'USFP
Le dirigeant ittihadi a rappelé le discours de S.M le Roi Mohammed VI lors de l'ouverture de la première session de la troisième année législative de la 9ème législature en 2013 et dans lequel le Souverain a appelé «à l'adoption du statut de l'opposition parlementaire, afin que celle-ci puisse remplir son rôle de contrôle de l'action gouvernementale, de formulation d'une critique constructive et de présentation de propositions et d'alternatives réalistes, au service des intérêts supérieurs de la nation ».
Dans ce contexte, le Premier secrétaire a appelé à la constitution d'un front fort pour rétablir l'équilibre institutionnel et faire face à l'hégémonie du gouvernement et de sa majorité, tout en faisant référence, dans ce sens, à la récente rencontre qu'il a eue avec le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdellah, en vue d'accorder leurs violons.
Driss Lachguar a également fait taire toutes les mauvaises langues prétendant que l'USFP ambitionne coûte que coûte de faire partie de la majorité.
« Nous sommes satisfaits de notre position (dans l'opposition) », a-t-il fait savoir. Et de préciser : « Nous servons notre pays depuis n'importe quelle position ».
Il a aussi noté que l'opposition ittihadie au sein du Parlement travaille en toute responsabilité et a présenté de nombreuses initiatives et propositions dans tous les domaines, dénonçant le manque d'interaction du gouvernement, son intransigeance, la faiblesse de la communication gouvernementale et l'absence du chef du gouvernement dans les médias et le manque de communication avec les citoyens en vue d'apporter des éclaircissements et des réponses aux questions fondamentales qui préoccupent l'opinion publique.
S'agissant des grands chantiers, le dirigeant socialiste a exprimé son inquiétude quant à la gestion actuelle par le gouvernement des projets et chantiers annoncés dans notre pays.
«Nous tenons à suivre et à contrôler la mise en oeuvre par le gouvernement de ses engagements et des programmes et projets qu'il a annoncés, notamment en matière de protection sociale, ainsi que toutes les initiatives et mesures prises», a-t-il précisé.
Il a également soutenu que les projets annoncés, notamment ceux de la protection sociale et la couverture sanitaire dans le cadre de l'Etat social, sont des projets que l'USFP a proposés et défendus depuis des années, conformément à son référentiel social-démocrate.
En ce sens, Driss Lachguar a soulevé un fait paradoxal dans la vie politique marocaine. «Dans notre pays, les libéraux appliquent le programme socialiste», a ironisé le Premier secrétaire de l'USFP, avant d'enchaîner: «Ils appliquent aujourd'hui un programme qui va à l'encontre de leurs convictions et de leurs référentiels ».
En réponse à une question concernant la réforme du Code de la famille, le dirigeant socialiste a appelé à un Code «moderne qui soit au diapason des mutations et non un Code moyenâgeux», estimant que le comité de pilotage chargé du processus de consultations en vue de cette réforme regorge de compétences.
A rappeler que l'USFP a présenté récemment à cette instance sa vision concernant la réforme du Code de la famille.
S'agissant des répercussions du retard des précipitations, le dirigeant ittihadi a relevé que l'USFP organisera prochainement avec le Groupe socialiste au Parlement une journée d'étude dédiée principalement à la question de l'eau et aux mesures envisagées pour faire face au stress hydrique dans notre pays.
Répondant à une question concernant la cause palestinienne, Driss Lachguar a appelé à « cesser de lancer des slogans creux et des discours enflammés. Il faut que nous soyons rationalistes et responsables dans notre discours », tout en qualifiant ce qui se passe actuellement à Gaza de deuxième Nakba (après celle de 1948).
Concernant les affaires internes du parti, il a affirmé que l'USFP connaît un fort dynamisme organisationnel. Preuve en est l'organisation des congrès de plusieurs secteurs professionnels du parti (avocats, ingénieurs, professionnels de la santé...).
Il a également salué ce que l'USFP a réalisé au niveau des relations extérieures dans la défense des intérêts de la nation, notamment la Cause nationale, soulignant que le respect, dont jouit notre pays au niveau international, a grandement aidé le parti dans ses relations extérieures.
Mourad Tabet
BY: Mourad Tabet
DATE: Jeudi 30 Novembre 2023