La mise sur pied de ce fonds consacré à la réparation des catastrophes climatiques a été adoptée dans les premières heures de la COP28, ce jeudi 30 novembre à Dubaï.
Ce fonds, qui était l'une des grandes avancées de la dernière COP qui s'est tenue il y a un an à Charm-el-Cheikh en Égypte, attendait son opérationnalisation maintenant effective. Cette décision importante satisfait également du côté des acteurs africains, où de nombreux pays font face à de graves catastrophes météorologiques.
« Nous avons écrit une page d'histoire », a déclaré Sultan al-Jaber, le président émirien de la COP28. La concrétisation du fonds « pertes et dommages » est le fruit d'un combat long de trente ans des pays dits du Sud, dont les pertes liées au changement climatique s'élèvent à plus de 8 % de leurs richesses nationales.
De quoi réjouir Tosi Mpanu-Mpanu, ambassadeur de la République démocratique du Congo à la COP, au micro de notre envoyée spéciale à Dubaï, Jeanne Richard. « On ne peut être qu'heureux, car c'est commencer cette COP sur une note positive. Cette décision sur les pertes et dommages n'était pas gagnée d'avance. Et voilà, aujourd'hui, cet instrument de gouvernance est adopté et le fonds est opérationnel. »
Des montants insuffisants
Près de 420 millions de dollars ont été promis par les Émirats arabes unis, l'Union européenne, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon et les États-Unis... De quoi lancer ce fonds, mais cela reste insuffisant. « Lorsque l'on prend les 55 pays les plus vulnérables, au cours des deux décennies qui se sont écoulées, environ 580 milliards de dégâts ont été subis par ces pays à cause de ce changement climatique, rappelle Tosi Mpanu-Mpanu. Et l'on pense que si le changement climatique continu dans sa trajectoire actuelle, d'ici à 2030, ces 580 milliards accumulés sur 20 ans pourraient être le montant annuel auxquelles les pays doivent faire face en termes de dégâts suite aux aléas climatiques. »
Pour sa part, Joyce Banda, ex-présidente du Malawi, où les cyclones ont tué 500 personnes et en ont déplacé un demi-million cette année, a réagi en demandant « plus d'action et moins de déclarations d'intention » de la part des pays riches et premiers pollueurs de la planète. Les militants africains de défense de l'environnement déplorent également que ce nouveau fonds soit hébergé pendant quatre ans par la Banque mondiale, jugée trop proche des intérêts occidentaux.
Sidy Yansané Le caractère non contraignant de ce fonds concentre aussi les critiques. Certains pays les plus développés comme les États-Unis préférant verser leur part sur la base du volontariat. C'est notamment ce que note Edmond Totin, enseignant à l'université nationale d'Agriculture du Bénin et rédacteur Afrique pour le Giec : « Je n'ai rien vu qui puisse contraindre les pays développés à contribuer. On a bien vu que généralement l'environnement est une priorité juste dans la période de ces événements. Mais après les priorités changent rapidement. »