Congo-Brazzaville: « Tchicaya U Tam'si, vie et oeuvre d'un maudit » - Le brillant hommage de Boniface Mongo-Mboussa

Après avoir collectionné les livres de son auteur fétiche, les alignant aux côtés de Shakespeare ou de Dostoïevski, le critique littéraire congolais, Boniface Mongo-Mboussa, se glisse, à travers son essai, dans la peau d'un enquêteur à la recherche de tous les articles et archives disponibles concernant son idole pour lui redonner vie.

Mêlant la biographie et l'analyse littéraire, l' ouvrage paru en octobre dernier, « Tchicaya U Tam'si, vie et oeuvre d'un maudit », fait résonner l'oeuvre et la trajectoire de Tchicaya U Tam'si dans le contexte de l'effervescence politique et culturelle africaine des années 1960 et 1980.

Né Gérald-Félix Tchicaya en 1931 dans un Congo sous domination coloniale française, il est le fils naturel d'une paysanne et de Jean-Félix Tchicaya, un « évolué » comme on dit affreusement à l'époque.

Ses premiers textes, suscités par des massacres coloniaux survenus en 1948 à Bobo-Dioulasso, saluent la résistance des peuples qui vont conduire à l'indépendance ivoirienne. Son père en fait lire quelques lignes à son collègue à l'Assemblée... Aimé Césaire en personne. « Ton fils est un poète », décrète ce dernier. Ce qui ressemble à un coup de chance est sans doute un coup de génie car cet encouragement sera suivi d'un adoubement des autres cofondateurs de la négritude, Léopold Sédar Senghor et Léon-Gontran Damas.

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Gérald-Félix Tchicaya est lancé. Pour se singulariser de son père, il devient « U Tam'si », « qui parle du pays » ou encore « une petite feuille qui chante pour son pays, en langue vili ». Une signature en référence à son Congo d'origine, qu'il ne va cesser de célébrer.

A sa manière, il invente une « poésie éclatée, à la syntaxe désarticulée » et multiplie les recueils : Le Mauvais sang (1955), Feu de brousse (1957), A triche-coeur (1958). Ses romans, parus dans les années 1980 (Les Cancrelats, Les Méduses, Les Phalènes, Ces fruits si doux de l'arbre à pain), lui apportent la notoriété à Paris, où il rejoint l'Unesco. Des pièces de théâtre le mettent également en lumière et le font comparer à un autre nouveau venu de la scène littéraire congolaise : Sony Labou Tansi.

Ecrit d'une plume érudite, fringante et très documenté, « Tchicaya U Tam'si, vie et oeuvre d'un maudit » place le poète congolais au panthéon de la littérature mondiale.

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