Sénégal: Journées citoyennes de Rufisque - Les jeunes invités à s'approprier les valeurs du panafricanisme

1 Décembre 2023

Dans le cadre des rencontres citoyennes organisées par la fondation Sococim, le professeur Aziz Salmon Fall, qui animait une conférence, a soutenu que le retour de la confiance et de l'estime de soi des jeunes africains étaient les moyens pour sortir le continent de son sous-développement. Il a souligné que la transformation du continent passe par un état fédéral panafricain.

Quel citoyen pour la transformation du continent ? A cette question, le professeur Aziz Salmon Fall répond que seul un citoyen panafricain, qui a retrouvé l'estime de soi, peut conduire le développement de l'Afrique. Le spécialiste anthropologue qui animait une conférence dans le cadre de la 4ème édition des Journées citoyennes, organisées par la fondation Sococim, devant les élèves des lycées Abdoulaye Sadji et moderne de Rufisque et l'amicale des étudiants de la ville, est revenu sur les origines du panafricanisme pour montrer que les jeunes africains ont de quoi être fiers de leurs histoires.

En effet, le conférencier a procédé à une déconstruction des idées établies pour montrer que l'Afrique est bien un berceau de civilisations qui ont porté une grande prospérité économique. Malheureusement, cette période faste des grandes civilisations de l'antiquité africaine et du moyen-âge africain a été interrompue par l'invasion capitaliste. Selon M. Fall, il faut reconnecter la jeunesse de l'Afrique avec ce passé glorieux, pour cultiver la confiance et l'estime de soi. «C'était une occasion de parler aux jeunes, les instruire... et m'assurer qu'ils puissent avoir une curiosité scientifique à même de les amener à explorer à leur tour, pour prendre conscience de leur potentiel et leur estime de soi et contribuer à la transformation du continent. Cette transformation du continent devrait passer une stratégie de développement recentrée sur les valeurs et méthodes endogènes à même de porter l'Afrique dans un monde globalisé».

Une idéologie que le conférencier a appelé «le panifricentrage». «il s'agit d'une stratégie de développement autocentrée basée sur l'autonomie collective des pays africains et destinée à déconnecter l'Afrique des termes qui l'empêchent de se développer, en prenant conscience d'abord de sa culture, de son histoire, pour comprendre ce que j'appelle le matérialisme qui incarne l'intégrité, la justice sociale, le rapport avec l'environnement, l'écologie, mais aussi la culture Ubuntu pour le bien commun africain et de contribuer à faire prendre conscience que nous sommes capables d'être souverain. Dans une mondialisation qui préfère l'Afrique sans les africains, nous pouvons être maîtres de notre destin et arracher ses indépendances et cette souveraineté par une transformation culturelle économique et sociale», a soutenu M. Fall.

Le conférencier a également plaidé pour l'introduction des langues locales dans les systèmes éducatifs, pour faciliter à la jeunesse africaine l'appropriation des savoirs scientifiques. «Il faut inculquer à l'enfant, dès le début, la langue vernaculaire de ces parents, ensuite la langue nationale. Au Sénégal, se sera probablement le Wolof, dès le niveau du CE, afin qu'il puisse comprendre l'alphabet dans sa propre langue. Et à ce moment la connaissance scientifique pourrait être appréhendée. Et plus tard, l'enfant, on devrait lui inculquer, d'après moi, l'Anglais en même temps que le français et surtout le Swahili, à partir de la seconde, de façon à ce nous puissions avoir une langue africaine d'usage qui soit parlée au niveau international», a soutenu M. Fall.

Il a par ailleurs soutenu que le développement africain arrivera à l'avènement d'un Etat fédéral africain. «Il y aura un Etat fédéral africain et il serait même possible que je le vois de mon vivant», a annoncé le conférencier, avec optimisme.

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