Le ministre de l'Administration Territoriale du Cameroun a fait cette déclaration sur RFI ( Radio France Internationale), comme l'a constaté camer.be, votre média d'écoute et de proximité
Interrogé par RFI, Paul Atanga Nji pense qu'un « contentieux » au sein du PCRN ( Parti Camerounais pour la reconciliation nationale) justifie la mesure prise par la sous-préfète de Kribi II. « Il n'était pas utile ou opportun d'accorder une autorisation alors que le dossier connaît un contentieux. Parce que vous savez quand deux personnes commencent à discuter de qui fait quoi au sein d'un parti politique, ça devient problématique pour l'administration. Nous devons en tenir compte, la décision d'interdire cette activité. Je crois qu'elle est fondée. », affirme le Minat.
L'opposant Cabral Libii dénonce « une provocation et une persécution » après la suspension de l'autorisation du congrès de son parti, le PCRN. Le congrès devait se tenir du 15 au 17 décembre à Kribi (Sud). Le PCRN devait réunir ses militants et renouveler ses dirigeants. Avec en ligne de mire les élections de 2025. Mais l'autorité sous-préfectorale en a décidé autrement, en fin de semaine dernière, avançant comme argument « des dissensions internes » au parti, « susceptibles de troubler l'ordre public ». Une référence à l'action en justice intentée par le fondateur du PCRN qui dit vouloir récupérer son parti.
Cabral Libii promet d'utiliser toutes les voies de recours pour contester la décision de la sous-préfète de l'arrondissement de Kribi II, Marie Suzanne Bitanga Bebga. Selon lui, la plainte de son prédécesseur, Robert Kona, ne peut en aucun cas justifier l'interdiction de son congrès.
D'abord autorisé par le sous-préfet de Kribi II le 16 novembre, l'événement prévu du 15 au 17 décembre 2023 est interdit par la même autorité par décision en date du 23 novembre. Comme motif, Mme le sous-préfet invoque « les dissensions » au sein du parti, lesquelles pourraient causer « un trouble grave à l'ordre public ».
La décision n'est pas au goût du président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) habitué de ce type d'actes administratifs. « Il s'agit d'une nième atteinte grave aux libertés publiques et d'une immixtion inacceptable dans le fonctionnement interne d'un parti politique légalisé », réagit l'homme politique.
Le Pr. Maurice Kamto pense que l'autorité administrative « aurait pu requérir la présence des forces de maintien de l'ordre sur les lieux de ladite manifestation pour intervenir en cas de besoin au lieu d'anticiper des troubles graves à l'ordre public sur une base spéculative ». L'avocat s'indigne par ailleurs du fait que dans un environnement où évoluent près de 400 partis politiques, « un seul et ses alliés peuvent mener leurs activités normalement ».
Pour Akere Muna, c'est impossible de se taire face à cette interdiction. L'acte administratif est « troublant ». L'avocat n'a pas de doute, car « il est clair que quelqu'un a clairement influencé cette interdiction » qui pour lui montre la violation du principe de la séparation des pouvoirs au Cameroun, l'affaire de dissension étant pendante devant une juridiction. Akere Muna pense que l'action de l'autorité est « biaisée ». Elle est « non seulement frustrante mais anéantit également nos espoirs d'État de droit dans notre pays ».
Par ces dénonciations, l'opposition semble manifester une certaine solidarité face à l'administration d'Etat. Cet état de choses arrive au moment où les partis politiques s'activent pour préparer les rendez-vous électoraux prévus en 2025.