Ile Maurice: Sarita Boodhoo - «L'État devrait rémunérer les 'geetharines', ces gardiennes du patrimoine»

1 Décembre 2023

Sept ans se sont écoulés depuis ce jour fatidique du 1er décembre 2016, quand les bhojpuri folk songs de Maurice, le geet gawai ont été inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, par l'Unesco. Sept ans et des défis qui demeurent, pour Sarita Boodhoo, présidente du Bhojpuri Speaking Union. Elle souligne d'emblée que, «c'est l'État qui a demandé l'inscription du geet gawai». Une reconnaissance qui ne va pas sans responsabilités.

Flash-back. La dynamique présidente du Bhojpuri Speaking Union se souvient des débuts difficiles, à partir de 2012, quand elle est nommée à ce poste. «On me disait : 'Geet gawai, sa li pé al mor', ou encore 'sé zis bann vié bonnfam ki santé, dansé'.» Perpétuer des traditions orales passe par la transmission. Une première école de geet gawai voit le jour à Petit-Raffray en octobre 2013. «L'engouement a été tel qu'aujourd'hui, il y a 51 écoles de geet gawai à travers l'île.»

Sept ans d'inscription aujourd'hui, 11 ans de dévouement dans ces écoles informelles. Mais surtout, une vie à préserver des chants appris des aînés. Au point où le regard de la société «a changé sur ces gardiennes des traditions». Il est donc temps de passer à une autre étape, souligne Sarita Boodhoo. D'autant plus que le 2 novembre, lors des commémorations du 189e anniversaire de l'arrivée des premiers travailleurs engagés, le Premier ministre Pravind Jugnauth a annoncé que le ministère de l'Éducation fournit dorénavant une assistance financière aux baitka, afin de promouvoir l'enseignement de la langue bhojpuri. Ce que Sarita Boodhoo accueille positivement.

%

Du bénévolat

«Il est donc temps que l'on rémunère aussi les geetharines pour l'enseignement qu'elles dispensent dans les écoles de geet gawai, partout à Maurice. Jusqu'à présent, elles donnent de leur temps bénévolement dans ces écoles informelles», affirme Sarita Boodhoo. «Ce serait une forme de reconnaissance pour celles qui font la promotion d'un patrimoine culturel immatériel de l'humanité.» Une formule de rémunération a déjà été présentée au ministère des Arts et du patrimoine culturel.

La présidente du Bhojpuri Speaking Union rappelle qu'au moment de l'inscription, l'Unesco a souligné que «le véhicule est aussi important que l'élément qui est inscrit sur la liste du patrimoine immatériel. Le véhicule, c'est la langue bhojpuri. Il est donc aussi capital de la préserver, autant que les traditions qu'elle transmet. Pour que l'élément, c'est-à-dire le geet gawai, reste vivant, il faut que la langue reste vivante». L'une des longues batailles que mène Sarita Boodhoo est aussi de voir le bhojpuri enseigné dans le système éducatif formel.

Suite au geste des autorités pour rémunérer les professeurs de bhojpuri dans les baitka, la présidente de la Speaking Union souhaite maintenant que chaque école de geet gawai intègre aussi une baitka, pour l'enseignement de cette langue. «Nous allons veiller au grain sur la qualité de l'enseignement, en donnant une formation et un soutien logistique à ces professeurs. N'oubliez pas que l'expérience de ces geetharines équivaut à un diplôme. Nous souhaitons qu'il y ait des cours non seulement pour les enfants mais aussi pour les adultes.»

Rendez-vous pour le Bhojpuri Mahotsav en avril 2024

Le prochain «Bhojpuri Mahotsav» ou Festival du bhojpuri aura lieu en avril 2024. C'est ce qu'a annoncé le PM, le 2 novembre. Les préparatifs ont déjà commencé affirme Sarita Boodhoo. Cette grande manifestation dédiée à la langue et à la culture bhojpuri était initialement prévue en août 2020. Mais pandémie de Covid-19 oblige, le festival a été reporté.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.