Marrakech — La lutte contre la traite des êtres humains nécessite une approche coordonnée et intégrée entre les pays et les parties prenantes, a affirmé jeudi, à Marrakech, le directeur régional de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Othman Belbeisi.
Intervenant aux travaux d'une rencontre organisée par la Présidence du Ministère public avec le soutien de l'OIM, en marge de la 3ème Réunion annuelle de l'Association des Procureurs généraux arabes, M. Belbeisi a relevé que le trafic de migrants représente une activité commerciale illicite juteuse, dont les gains s'élève à des milliards de dollars par an, indiquant que "les bénéfices de ce trafic intègrent le circuit financier légal via le blanchiment d'argent, et sont investies dans d'autres activités illégales".
Dans ce contexte, il a fait remarquer que l'OIM a développé une approche globale pour lutter contre le trafic de migrants, basée sur l'assistance directe aux migrants et le renforcement des capacités au sein des pays pour faire appliquer la loi et poursuivre en justice les dirigeants des réseaux de traite des êtres humains et de trafic de la migration irrégulière.
Et de noter que la lutte contre la traite des êtres humains est devenue l'un des domaines fondamentaux de l'action de l'organisation grâce à l'expertise acquise au fil des années dans la coopération avec les gouvernements, les organisations internationales, les organisations non gouvernementales, ainsi qu'avec les survivants de la traite des êtres humains eux-mêmes, précisant que cette approche est basée sur la prévention, la protection et les poursuites judiciaires à travers des partenariats et diverses interventions.
Dans le sillage, M. Belbeisi a souligné que l'OIM travaille en étroite collaboration avec les États membres et d'autres partenaires pour soutenir ses efforts visant à relever les défis migratoires de manière globale, en luttant contre les réseaux criminels, en soutenant la migration régulière et en renforçant son impact positif sur les migrants, les communautés et les économies des pays de destination, d'origine et de transit.
De son côté, le Procureur général de la République d'Égypte Mohamed Chawki Ayyad a souligné que les crimes de traite des êtres humains et de trafic de migrants sont devenus des phénomènes universels, dont les effets se sont sérieusement aggravés aux niveaux mondial et local, alors que les groupes criminels organisés cherchent à réaliser d'importants gains illégaux.
"Ces crimes constituent une grave violation des droits humains fondamentaux, de la dignité, et de la liberté", a-t-il ajouté, relevant que ces crimes sont devenus organisés et transnationaux, ce qui nécessite des efforts régionaux et internationaux concertés pour les combattre, en plus de la mise en oeuvre rapide des mécanismes de coopération judiciaire, notamment en ce qui concerne l'extradition des criminels et la saisie et la confiscation des fonds obtenus de ces crimes.
Le président de l'Association internationale des procureurs (AIP), John Vervaele, a quant à lui, souligné que le problème de la corruption revêt désormais une dimension mondiale, ce qui nécessite de trouver des solutions unifiées pour lutter contre ce phénomène, à travers la mise en place de mécanismes d'action sur le terrain et le développement des canaux parallèles entre divers ministères publics dans le monde pour relever les défis et parvenir à la justice pour tous.
Dans ce contexte, il a relevé que le rôle de l'AIP consiste à rapprocher entre les procureurs du monde entier pour échanger les expertises et les expériences afin d'instaurer une coopération entre ces ministères publics et leurs membres.
Initiée sous le thème "Les efforts des Procureurs généraux dans les pays arabes pour lutter contre les crimes de corruption : blanchiment d'argent, trafic de migrants et traite des êtres humains - Défis et contraintes", cette conférence internationale connait la participation des Procureurs généraux membres de l'Association des procureurs généraux arabes, de membres de délégations comprenant de magistrats des ministères publics, de représentants de l'AIP, de l'OIM, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, l'Agence de l'Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale (Eurojust) et l'Université arabe Naif des sciences de la sécurité (NAUSS).
Cette rencontre de deux jours aborde des sujets d'une grande actualité, visant à mettre en valeur les efforts des Procureurs généraux dans les pays arabes dans le domaine de la lutte contre le crime de blanchiment d'argent en relation avec le trafic de migrants, et la traite des êtres humains, ainsi que l'échange d'expertise et d'expériences arabes et internationales et le partage des meilleures pratiques dans ce domaine.