Mali: Kidal, la ville rebelle reconquise par les forces maliennes

Il a fallu onze longues années à l'armée malienne pour reprendre le contrôle de la ville de Kidal située à 1500 km de la capitale Bamako «aujourd'hui nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal » a annoncé, le président de la transition, le colonel Assimi GOITA dans un message lu au cours d'un flash spécial à la télévision d'État. Ce succès des forces armées maliennes qui parachève une offensive terrestre et aérienne lancée en fin de semaine passée, est une victoire symbolique pour les colonels qui ont pris en 2020 la direction du pays confronté depuis 2012 à une crise politico- sécuritaire.

Stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, une importante colonne militaire s'est mise en branle en fin de semaine passée en direction de Kidal. Elle a subi en route les attaques des terroristes. Aucun bilan humain et matériel n'a pu être établi de sources indépendantes. Le chef de la transition malienne a juste parlé de «lourdes pertes » infligées à l'ennemi.

La veille au soir, sentant la victoire approcher, l'armée malienne avait indiqué que les dernières poches de résistances des groupes armés terroristes tombent les unes après les autres. Les FAMa (Forces armées maliennes) continuent de débusquer les terroristes aux abords de la ville de Kidal ». Les soldats maliens arrivés à une quinzaine de kilomètres de la ville de Kidal, les terroristes conscients de leur impuissance face à la puissance de feu ont pris la tangente.

Montée en puissance des FAMAs

Dans un communiqué signé par son porte-parole, Mohamed Elmaouloud Ramadane, le Cadre stratégique permanent (CSP), qui regroupe les principaux groupes armés indépendantistes, confirme avoir quitté sa ville-bastion. «Les forces armées de l'Azawad, regroupées au sein du CSP-PSD ont durant plusieurs jours stoppé l'avancée du raid de l'armée malienne lui infligeant des grandes pertes humaines et matérielles avant de se retirer de la ville pour des raisons estimées stratégiques pour cette phase de combats », peut-on lire dans le document. Difficile à croire puisqu' on ne se replie pas lorsqu'on est en position de force.

La prise de Kidal, fief des quatre rébellions touarègues depuis l'indépendance en 1960, et symbole d'insoumission et de défiance au pouvoir central de Bamako, a été rendue possible par la montée en puissance des Fama. Grâce aux bombardements répétés des drones : des Bayraktar TB2, de fabrication turque, les pièges tendus par les terroristes ont été anéantis.

Le départ des casques bleus de la mission des Nations unies de leur base le 31 octobre, sommés de quitter l'ensemble du territoire par les autorités de transition avant la fin de l'année et les nouveaux équipements achetés par le Mali et les nouvelles alliances nouées par les autorités de la transition semblent avoir été décisifs, alors qu'une précédente tentative de reconquête, en 2014, avait tourné au fiasco.

Les groupes séparatistes s'opposent à ce que la Minusma remette les camps aux autorités maliennes, ce qui va à l'encontre selon eux des accords passés en 2014 et 2015 quand, après s'être soulevés en 2012, ils avaient accepté de cesser le feu et de faire la paix. Ces groupes à dominante touareg ont repris les hostilités contre l'État central, et accusent régulièrement les forces armées maliennes et ses alliés militaires de commettre des exactions contre les populations civiles.

Une fosse commune découverte

L'armée malienne a annoncé avoir découvert cette semaine « un charnier » à Kidal (nord-Est), ville-bastion des séparatistes Touaregs qu'elle a récemment repris. « Le jeudi 16 novembre, les FAMa (forces armées maliennes) ont découvert lors de leurs opérations de sécurisation un charnier à Kidal », écrit l'armée dans un communiqué publié samedi passé. «Ce charnier rappelle les atrocités commises par les terroristes sans foi ni loi », ajoute l'armée sans donner davantage de précision. Une chose est sure, c'est que les Fama sont rentrées à une date connue de tous et il n'y a pas eu de combat dans Kidal. Il est facile dans ces conditions de désigner les responsables de ces actes.

L'armée malienne a d'ailleurs annoncé des enquêtes «pour traduire les auteurs devant la justice ». Kidal, foyer de la revendication indépendantiste, où l'État central et l'armée avaient été chassés en 2014, l'armée malienne a repris le contrôle de cette ville après le départ, le 31 octobre, des Casques bleus de la Mission de l'Onu au Mali (Minusma) de leur camp à Kidal qui était prévu dans le cadre du retrait de cette force du pays d'ici à la fin de l'année.

Une victoire saluée par la classe politique malienne

Aprés la prise de Kidal et de la liesse populaire qui s'en est suivie, la classe politique se réjouit de cette victoire historique. « La reconquête de Kidal symbolise la souveraineté retrouvée du Mali sur l'ensemble de son territoire », salue l'Adema. Le plus vieux parti du pays « exhorte » même les autorités à « poursuivre leurs opérations »et « à désarmer sans condition toutes entités non étatiques au Mali.

La CNAS-Faso here de Soumana Sako est « soulagé » par « l'entrée triomphale » de l'armée à Kidal et considère que les rebelles de la « CMA (coordination des mouvements de l'Azawad) et ses alliés djihadistes portent l'entière responsabilité du sang versé.

Le RPM, Parti de feu l'ex-président IBK, «félicite les autorités militaires » et encourage les autorités de la transition à s'investir davantage pour le retour de l'administration, des services sociaux de base ainsi que des réfugiés et des déplacés. » Le RPM « reste convaincu que seuls le dialogue et la réconciliation nationale pour créer les conditions d'une sortie de crise définitive

Le Niger félicite son nouvel allié

« Le gouvernement et le peuple nigérien ont appris avec une immense joie la libération de Kidal, le mardi 14 novembre 2023, par les forces armées maliennes, FAMa. Cette ville martyre était restée sous le joug des terroristes et leurs sponsors, responsables de la déstabilisation du Mali ainsi que de l'ensemble du Sahel, depuis plusieurs années. » mentionne en substance le message des militaires nigériens.

Dans son adresse à la nation, le porte-parole du CNSP nigérien, le Colonel Major Abdramane Amadou - exprime- les espoirs de son pays dans la lutte contre le terrorisme qui sévit chez le voisin malien.

« Cette grande victoire constitue sans doute un tournant décisif dans le ferme engagement des plus hautes autorités maliennes à libérer totalement leur pays et à oeuvrer pour un Mali unique où les populations vivent en paix et en toute fraternité retrouvée. » Extrait du communiqué des autorités du Niger.

Le Mali est en proie aux djihadistes et aux tensions avec les groupes séparatistes depuis des années, une situation qui déplait aux autorités maliennes et le président de la transition, le colonel Assimi GOITA n'a jamais caché son désir à reconquérir tous les territoires laissés au profit des rebelles « Notre mission n'est pas achevée. Je rappelle qu'elle consiste à recouvrer et à sécuriser l'intégrité du territoire », a-t-il martelé avec un brin d'assurance.

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