Sobrement, la communauté internationale dit « prendre acte » de la réélection du président de la République malgache sortant, Andry Rajoelina, donné officiellement vainqueur à près de 59% des voix, vendredi 1er décembre.
Dans leur communiqué conjoint, publié immédiatement après les résultats, l'Union européenne, la France, l'Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Suisse, la Corée du Sud et l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ne manquent pas de pointer aussitôt les « tensions » et « incidents » survenus lors de ce scrutin hors norme. Rappelons que dix des treize candidats ont refusé d'y participer et que plus de la moitié des électeurs (54%) se sont, eux aussi, abstenus.
Il s'agit ainsi d'un exercice diplomatique délicat. Tout en évitant de l'écrire formellement, les diplomates reconnaissent dans leur communiqué les résultats du 16 novembre. Déception pour une quinzaine d'organisations de la société civile. Jeudi 30 novembre, dans une lettre conjointe, elles avaient appelé les partenaires de Madagascar à ne pas acter, d'une manière ou d'une autre, l'issue et la régularité de l'élection.
Ndranto Razakamanarina est l'un des signataires et président de l'alliance Voary Gasy : « Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ici à Madagascar ? Nous, les Malgaches, la société civile, on n'a pas d'armes, on n'a pas l'autorité, on n'a pas le financement qu'ils utilisent. Il n'y a que la communauté internationale qui pouvait peut-être utiliser son pouvoir de persuasion. Et on a laissé passer tout ça, jusqu'à faire ce forcing de sortie des résultats des élections. »
L'opposition, par la voix du Collectif des 11 candidats, avait elle aussi plaidé pour que les diplomates « déclarent sans ambiguïté la non-conformité de l'élection » aux standards internationaux.
Si ça n'a pas été le cas, entre les lignes, les partenaires occidentaux posent tout de même des conditions à leur future collaboration avec Andry Rajoelina : « La restauration d'un cadre de (...) dialogue, de paix, et de respect des droits humains », une prudence partagée sur le reste de la scène internationale. La plupart des chefs d'État étrangers n'ont, jusqu'alors, ni applaudi ni commenté publiquement cette réélection.