Ile Maurice: Le port de Maurice face à une «chance inestimable»

2 Décembre 2023

En raison de la crise portuaire qui sévit en Afrique du Sud, la compagnie maritime Maersk a pris la décision stratégique de transborder les marchandises destinées au Cap via le port de Maurice. Cette mesure vise à contourner les défis logistiques rencontrés au large de Durban, où environ 70 000 conteneurs restent bloqués sur des navires avec des retards de déchargement pouvant atteindre 14 jours.

À Port-Louis, les marchandises seront rechargées dans un «feeder service» plus petit, spécialement affrété en direction du Cap. Cette initiative concerne également le fret sortant, qui sera transbordé via la même procédure.

Cette situation délicate est en grande partie attribuée à l'incapacité de la société parapublique Transnet à entretenir et à moderniser ses équipements portuaires de manière efficace, selon la SA Association of Freight Forwarders.

Cette crise logistique actuelle représente une opportunité d'affaires pour Maurice, avec Port-Louis comme alternative. Robert Hungley, consultant pour une firme de freight forwarders, déclare que cette alternative se présente comme «une chance inestimable», particulièrement pour récupérer les pertes enregistrées en termes de volume de conteneurs de transbordement.

Afzal Delbar, secrétaire général de la Freeport Operators Association, souligne, pour sa part, la présence d'opportunités commerciales à exploiter. Il insiste sur la nécessité de promouvoir le port de manière globale, mettant en avant une gamme diversifiée de services allant au-delà du simple chargement et déchargement de conteneurs comme les réparations, le changement d'équipage, la manipulation des navires, et bien d'autres prestations complémentaires. Il insiste sur l'importance cruciale de faire connaître ces avantages pour renforcer la position concurrentielle du port sur le marché.

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Nous avons sollicité la Mauritius Ports Authority à ce sujet. Nous sommes en attente d'une réponse.

Toutefois, Robert Hungley remet en question la capacité à gérer autant de conteneurs. «Il s'agit de milliers de boîtes.» Considérant que la productivité est étroitement liée à l'utilisation efficace des équipements portuaires, avec le manque d'équipements et les pannes, des défis se posent.

«Ce serait une bonne opportunité quand même mais avec le retard qu'on a pris à Port-Louis cela ne va pas être simple. Nous souhaitons activer les choses dans le port et rattraper le retard. Si nous n'arrivons pas à faire ce qu'il faut aujourd'hui, cette opportunité va nous passer sous le nez et il sera difficile de la récupérer après. Il faut sur le moment prendre des décisions efficaces et rapides (...) Mais avec des entités sans directeurs, il y a un manque de direction et le processus de prise de décision est complexe et difficile.»

Robert Hungley fait ressortir que les navires fonctionnent selon un créneau horaire strict, chaque navire étant assigné à une journée et une heure spécifique pour arriver et partir et ne peut pas être retardé, ayant des impératifs pour atteindre un autre port à un moment précis. «C'est cette contrainte qui perturbe l'ensemble de leur système. Maurice doit être en mesure de combler cette lacune en fournissant tous les équipements et infrastructures portuaires nécessaires pour permettre aux navires d'effectuer leurs opérations de manière fluide. Le moindre retard engendre des coûts supplémentaires.»

Comme les autres ports de la région, dont celui de Madagascar, nous ont déjà surpassés (voir hors-texte), il est crucial, estime le consultant, d'agir rapidement et de manière appropriée pour garantir une manœuvre efficace. Les concurrents de la région sont prêts à saisir cette opportunité si nous ne prenons pas les mesures nécessaires dans les délais impartis, mettant ainsi en péril notre position sur le marché.

Afzal Delbar relève, d'autre part, la nécessité fondamentale de revoir l'attitude envers les compagnies maritimes, en reconnaissant qu'elles ne sont pas exclusivement tributaires de Port-Louis. «Négliger cette dimension pourrait entraîner la perte de précieuses collaborations. (...) Et une collaboration collective des acteurs du secteur est aussi importante pour garantir un avenir sûr du secteur.»

Classement

Rappelons le dernier rapport de la Banque mondiale, The Container Port Performance Index 2022. Il dresse un constat préoccupant pour le port mauricien. Port-Louis se retrouve à la 327e place sur 344 ports au niveau mondial, et à la 30e place parmi les 37 pays de l'Afrique subsaharienne. Un classement qui le place derrière Toamasina, le port de Madagascar (10e position), ainsi que les ports de Victoria (13e ), Mayotte (15e ) et Réunion (22e ). Dans la catégorie des ports de taille moyenne (entre 0,5 million et 4 millions d'unités équivalentes à vingt pieds (TEU) par an) Maurice se classe à la 187e place, loin derrière Toamasina (112e ) et Réunion (115e ).

La Cargo Handling Corporation ltd célèbre ses 40 ans d'existence

Fondée en 1983, la Cargo Handling Corporation Limited (CHCL) a marqué son 40e anniversaire en organisant un cocktail à The Docks 2, Port-Louis. L'événement a réuni des représentants des employés et des partenaires et a bénéficié de la présence du président de la République, Prithvirajsing Roopun.

Avec pour objectif de transformer Port-Louis d'un simple port de passage en un centre de transbordement régional, la CHCL se positionne pour rivaliser avec les développements portuaires en cours dans la région comme à Madagascar, à l'île de la Réunion, aux Seychelles et à l'Afrique de l'Est. Il est envisagé d'augmenter la productivité afin d'attirer davantage de trafic et de nouveaux navires. Des investissements dans des équipements supplémentaires, une orientation vers une automatisation accrue et la formation continue des employés font partie de cette stratégie.

Avec un effectif de 1 237 employés à juillet 2023, la CHCL a réalisé un revenu total de plus de Rs 2 milliards pour l'exercice 2022-2023, enregistrant des profits atteignant Rs 255 millions. Le total de transbordements a atteint 343 379 TEUS.

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