Les compétences de la People's Turf (PTP) pour assurer le bon déroulement du training au Champ-de-Mars sont à nouveau pointées du doigt après le terrible accident qui a coûté la vie à Crazy Charlie (écurie Narang) et Northern Rebel (écurie Nagadoo). Cette tragédie pouvait-elle être évitée ? Où se situent les responsabilités dans cette affaire ?
Les détracteurs de l'organisateur de courses diront que la triste fin qu'ont connue Crazy Charlie et Northern Rebel était «a disaster waiting to happen» au vu de certaines lacunes notées dans la gestion du training matinal. Car il est primordial d'avoir une machine bien huilée, où chacun connaît le rôle qu'il doit jouer, pour permettre à plus d'une centaine de coursiers de se succéder sur la piste pour effectuer un galop d'entraînement, le tout à un rythme effréné jusqu'à la fin de la séance sur le coup des 8 heures.
Il serait bon de rappeler qu'avant l'accident Crazy Charlie-Northern Rebel, la PTP avait déjà essuyé une pluie de critiques pour les blessures qui avaient mis fin aux carrières de Conquer The Enemy (écurie Narang) et Consul Of War (écurie Daby), et où de sérieux doutes avaient été émis concernant la capacité de la PTP à bien gérer l'entretien des pistes d'entraînement.
L'accident de vendredi matin vient ainsi lancer un nouveau pavé dans la mare pour l'organisateur. S'il est vrai qu'un accident ne peut, par définition, être évité, il faut cependant reconnaître que plusieurs zones d'ombre subsistent : qui a donné le feu vert au cavalier de Northern Rebel pour s'engager sur la piste en sable ? Cette personne a-t-elle bien pris le soin de s'assurer qu'il n'y avait aucun coursier qui était au travail à ce moment précis ?
Il faut savoir que chaque porte de sortie doit impérativement avoir quelqu'un pour contrôler l'accès et enlever la barrière de sécurité le cas échéant. Le préposé de la PTP près du lieu de l'accident était-il bien en poste ? Dans un autre ordre d'idée, d'aucuns diront que le manque de discipline est aussi un facteur à prendre en considération. Combien de fois n'a-t-on pas vu des coursiers au «canter» venir perturber le travail d'autres coursiers qui sont, eux, au galop ? Un coursier lancé plein gaz peut atteindre les 50-60 km/h et les conséquences peuvent être lourdes, comme l'a démontré le dernier accident en date.
Quelles en seront les retombées? Avec la perte de deux coursiers et un jockey (NdlR, Krishna Mudhoo) sérieusement blessé - il s'est disloqué la hanche et sera alité pour au moins six semaines - il demeure plus que nécessaire de situer les responsabilités de toutes les parties concernées. A ce stade, la Horse Racing Division ne s'est toujours pas manifestée, du moins pas officiellement. L'instance régulatrice des courses hippiques a-t-elle exigé des explications auprès de la PTP ? Des mesures correctives seront-elles prises pour éviter un nouveau drame ? Des sanctions sont-elles à prévoir ? Autant de questions qui restent sans réponses. Et qui présagent un autre drame.
Respect de l'animal : Traitement inhumain
Elle n'a, semble-t-il, pas appris de ses erreurs. Quatre mois après l'incident Special Force, où un handler avait été pris à partie par le public pour son traitement musclé envers le caractériel coursier de l'écurie Nagadoo, et qui avait même débouché sur une rixe sanglante, la PTP voit son image écornée un peu plus suite à l'accident fatal de vendredi matin. Déjà blâmé par de nombreuses personnes pour cet événement tragique, l'organisateur ne sait pas fait de nouveaux amis avec le traitement qu'elle a accordé aux deux coursiers, qui venaient tout juste de perdre la vie.
Certes, on ne déplace pas facilement un animal mort de près de 500 kilos, mais les préposés/employés de la PTP auraient dû faire preuve de plus d'humanité pour évacuer les cadavres de Crazy Charlie-Northern Rebel, ne serait-ce que pour l'entourage de ces coursiers, qui aura désormais gravé dans leur mémoire les images de leur poulain traîné par les pieds par un tracteur pour les dégager de la piste d'entraînement. Des actions malheureuses qui ont fait le tour des réseaux sociaux et qui ne font pas honneur à la PTP, plus que jamais en chute libre dans l'opinion publique.