La mortalité néonatale demeure toujours inquiétante au Sénégal. Avec 21 décès pour mille naissances vivantes, selon l'EDS-C 2019, des femmes continuent de perdre leur enfant, faute d'une prise en charge correcte ou de maitrise des techniques d'urgence de sauvetage en salle d'accouchement. Dans la lutte contre la mortalité néonatale, les sages-femmes sont au premier rang de cette lutte. Selon l'Organisation mondiale de la santé (Oms), les soins prodigués par une sage-femme constituent le modèle de soins le plus approprié pour les femmes en âge de procréer, et les femmes en général.
Pour aller en croisade contre les décès néonataux, les sages-femmes du Sénégal ont tenu leurs journées scientifiques ouvertes entre vendredi et samedi dernier. Une manière pour l'Association nationale des sages-femmes d'État du Sénégal (ANSFES), de mieux répondre au rôle de promotion de leur profession et dans un souci de se renforcer. Selon leur présidente Bigué Ba Mbodji, les objectifs de ces journées sont entre autres de montrer l'importance et la place de la sage-femme dans l'offre de service de qualité pour la réduction des décès évitables de la mère et du nouveau-né au Sénégal, mais aussi d'expliquer le rôle de la sage-femme dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes au Sénégal et de discuter sur la problématique de la formation des sages-femmes en 2023 au Sénégal. Au cours de cette rencontre, la présidente Mme Ba Mbodj n'a pas manqué de revenir sur l'urgence de disposer d'un ordre au sein de la corporation de sages-femmes car même si le décret est signé, sa mise en place tarde toujours.
Dans cette lutte contre la mortalité maternelle, les sages-femmes plus que déterminées, ont eu droit à un cours magistral sur les techniques de réanimation du nouveau-né, mais aussi sur la prise en charge de l'enfant dès sa naissance appelée dans leur jargon la minute d'or. Selon les spécialistes, les premières 24heures sont très déterminantes et renseignent sur la santé du nouveau-né. Un moment qui mérite attention et observation. Selon les experts de cette rencontre, près de 50% des décès surviennent pendant cette période, 75% durant la première semaine et le reste au cours du mois.
Les acteurs de la lutte restent convaincus que si les actes urgents de sauvetage du nouveau-né ne sont pas maitrisés par des professionnels, il sera difficile au Sénégal d'atteindre les objectifs de réduction de la mortalité néonatale pour 2030. L'association a aussi profité de l'occasion pour honorer ces braves dames dont la palme est revenue à la région de Kaolack qui cumule la sage-femme en Or et en Diamant. Rappelons que les journées scientifiques de l'Association nationale des sages-femmes du Sénégal entre dans la continuité de la célébration de la journée Internationale de la sage-femme, le 05 mai dernier. Une rencontre qui s'est déroulée sur le thème «De l'évidence à la réalité: modèle de soins de la sage-femme pour la réduction des décès évitables de la mère et du nouveau-né».
Au Sénégal, malgré les efforts consentis et les progrès réalisés, la mortalité maternelle reste toujours élevée. Cependant selon l'Ansfes, elle a connu une forte baisse entre 2012 et 2017, passant de 396 à 236 décès pour cent mille naissances vivantes. La mortalité infanto-juvénile a aussi été ramenée entre 2012 et 2019, de 65 à 37 décès pour mille naissances vivantes et la mortalité néonatale de 26 à 21 décès pour mille naissances vivantes. Dans la même période, le taux de prévalence contraceptive a augmenté de 12% à 25,5%.(EDS 2017).