Congo-Kinshasa: Des observateurs de la campagne présidentielle dénoncent des atteintes aux libertés fondamentales

En RDC, cela fait maintenant seize jours que les candidats à l'élection présidentielle du 20 décembre battent le pavé pour tenter de convaincre les 44 millions d'électeurs. Une campagne qui a pu provoquer des débordements par endroits : ces derniers jours, plusieurs cas de portraits ou d'effigies de candidats déchirés ont ainsi été rapportés dans le Nord-Kivu, le Katanga et même à Kinshasa.

Des portraits de candidats déchirés : c'est ce qu'évoque notamment la Symocel, un regroupement de plusieurs missions d'observation des élections, dans un communiqué publié ce lundi matin, en forme de bilan des premiers jours de campagne. La Symocel met aussi en garde contre les interférences telles que l'interdiction de meeting ou de créneaux aériens pour la circulation des candidats.

Luc Lutala, coordonnateur national de la Symocel, appelle toutes les parties à la retenue. « C'est un phénomène qui est manifeste pour des gens qui rejettent un candidat ou l'autre, de façon très particulière, ça arrive pour le candidat Félix Tshisekedi, ou pour Moïse Katumbi dans très peu de cas. Nous appelons le ministère de l'Intérieur à la sécurisation du processus électoral. On a l'impression que ce ministère a vraiment du mal à remplir cette obligation. »

« Nous appelons aussi les partis politiques à la sensibilisation de leurs militants sur la tolérance, le respect des libertés fondamentales et nous appelons aussi les autorités provinciales qui limitent et restreignent les libertés fondamentales des candidats à faire respecter la loi plutôt qu'à agir de la sorte, parce qu'en restreignant les libertés fondamentales, elles sont aussi auteures de l'excitation de colère des partis et des partisans de l'un ou de l'autre camp », souligne Luc Lutala, au micro de Gwendal Lavina.

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00:54 Luc Lutala, coordonnateur national de la Symocel

Gwendal Lavina L'ACAJ réaffirme sa confiance dans le processus électoral

De son côté, ce dimanche 3 décembre, l'Association congolaise pour l'accès à la justice, l'ACAJ, a publié un communiqué dans lequel elle regrette la décision de l'Union européenne d'annuler sa mission d'observation électorale en vue du scrutin du 20 décembre. L'ACAJ dénonce le « mutisme » adopté par la mission de l'UE, qui risquerait de conforter ceux qui « pensent que les résultats des prochains scrutins seraient pipés d'avance ».

En cause : l'utilisation par les observateurs européens de téléphones satellitaires, ce qui n'est pas prévu par les autorités congolaises. Malgré ces événements, Me Joséphine Mbella, avocate et déléguée générale par intérim de l'ACAJ, réaffirme sa confiance dans le processus électoral.

« Nous, nous croyons à la bonne foi de la Céni [Commission électorale nationale indépendante de la RDC, NDLR] qui, jusqu'à ce jour, a montré qu'elle voulait organiser des élections libres, transparentes et crédibles, et que c'est pour cela que le gouvernement a invité justement la mission de l'Union européenne à venir participer. »

00:47 Me Joséphine Mbella, avocate et déléguée générale par intérim de l'ACAJ

Gwendal Lavina « Nous espérons que d'ici là, nous aurons de très bonnes élections, transparentes, et qu'on passe à une nouvelle alternance, une passation de pouvoir pacifique comme ça a été le cas en 2018. Donc nous restons sur nos positions en disant qu'il y aura élection. C'est le dernier virage. Tout le monde est en train de battre campagne en ce moment, donc on ne voit pas pourquoi il y aurait quelques inquiétudes, nous sommes confiants dans le processus et nous n'attendrons que les résultats, comme prévu, en janvier 2024 », ponctue Me Joséphine Mbella.

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