Yacouba Sawadogo a lutté pendant des décennies contre l ́avancée du désert, grâce notamment à une technique traditionnelle.
Yacouba Sawadogo a transformé une terre aride en paysage de verdure, dans le nord du Burkina Faso.
Ingénieux, il a utilisé pour cela la technique du "zaï", une méthode traditionnelle de réhabilitation des terres pauvres.
Récompensé en 2018 par le "Prix Nobel alternatif ", le prix Right Livelihood, Yacouba Sawadogo expliquait lui-même cette technique en ces termes :
"Selon la technique "zaï", on creuse un trou à l ́endroit où l ́eau de pluie s ́infiltre. On utilise la terre pour empêcher l ́eau de ruisseler hors du trou, et on y met des feuilles sèches. Ces feuilles pourrissent et se changent en compost qui vient nourrir l ́arbre. Tout excès d'eau peut s ́échapper par le côté."
Tout le village le traitait de fou
Les nouveaux arbres plantés tirent leurs apports nutritionnels supplémentaires du compost. En même temps qu ́ils fertilisent le sol, ces mêmes arbres attirent les insectes, en particulier les abeilles, dont le miel était devenue une source de revenus pour Yacouba Sawadogo à sa famille.
Une famille nombreuse puisque Yacouba Sawadogo était père de 27 enfants, à qui, il souhaitait transmettre son savoir, tout comme à ses amis, à ses voisins, dans l'espoir d'augmenter d'autant l'échelle de son action pour l'environnement.
"Regardez cette forêt ! C'est ici que nous allons bâtir notre centre de formation qui profitera à la nature, aux animaux et aux gens. Si le prix que je vais recevoir s ́accompagne d ́une somme d ́argent, elle reviendra au centre."
Il y a 40 ans, quand ce fils de jardinier a commencé son projet, tout le village le traitait de fou. Aujourd ́hui, Yacouba Sawadogo a planté des dizaines d ́arbres qui lui survivront et lui ont valu d'être surnommé "l'homme qui a arrêté le désert".
L'annonce de sa mort a suscité de nombreuses réactions. Le gouvernement burkinabè a publié un communiqué, dans lequel il rend hommage à "un visionnaire et à un homme d'action".
Yacouba Sawadogo, est décédé ce dimanche 3 décembre, à 77 ans, à Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso.