Au Cameroun, la confusion est toujours intense autour du sort des nommés Jean-Pierre Amougou Belinga et Maxime Eko Eko, deux des principaux accusés dans l'affaire de l'assassinat de l'animateur de radio, Martinez Zogo. Vendredi dernier, les deux hommes ont bénéficié d'une ordonnance de libération qui a finalement été déclarée fausse quelques heures après. Depuis, les réactions indignées s'enchaînent dans le pays, notamment au sein de la société civile.
Au nom de la société civile, regroupée au sein de la coalition « Tournons la page Cameroun », Jean-Marc Bikoko, coordinateur du mouvement, n'a pas de mots assez durs pour dénoncer l'imbroglio juridique dans lequel le Cameroun tout entier est plongé depuis vendredi dernier, concernant l'affaire du meurtre du journaliste Martinez Zogo, en janvier dernier.
Le corps de ce dernier avait été retrouvé supplicié sur un terrain vague près de Yaoundé. Alors que l'on s'approche des un an de ces faits macabres et que les obsèques de l'animateur radio n'ont toujours pas eu lieu, certains, comme Jean-Marc Bikoko, s'agacent du chaos judiciaire dans cette affaire.
Déni de l'État de droit
Pour Jean-Marc Bikoko, l'ordonnance de libération des deux accusés, Jean-Pierre Amougou Belinga et Maxime Eko Eko, patron des services secrets camerounais, rétractée quelques heures plus tard par le même juge d'instruction est un déni de l'État de droit.
« Ce qui s'est passé le 1er décembre est la preuve concrète que le Cameroun n'est pas un État de droit et qu'un groupuscule de personnes est en train de gérer le Cameroun selon ses intérêts. Il faut qu'ils fassent attention. Le destin de tout un peuple ne peut pas être pris en otage par un petit groupe. C'est une honte », abonde le coordinateur.
Perdre foi en la justice
Alors que l'opinion publique et les ayants droits du défunt animateur attendent toujours depuis près d'un an de connaître la vérité sur les circonstances de son assassinat ainsi que l'identité de ses bourreaux, Jean-Marc Bikoko redoute qu'avec les évènements de vendredi dernier, les Camerounais aient perdu foi en la justice.
« Ce qui arrive là montre que le Cameroun n'est pas un État de droit et que les Camerounais ne peuvent plus avoir confiance en leur justice. Maintenant, ceux qui croient vraiment en Dieu n'ont qu'à se remettre à Dieu. Sinon, que les Camerounais se mobilisent pour que cela s'arrête », assure-t-il.
Que pourrait-il se passer désormais ? Les spécialistes du droit se perdent eux-mêmes en conjecture. Une chose reste constante : l'issue de l'affaire Martinez Zogo n'a jamais été aussi incertaine.