Ile Maurice: «On tente d'éliminer les opposants avant même les élections»

5 Décembre 2023

Êtes-vous déçu par le renvoi du meeting d'hier à la place Edward VII pour cause de mauvais temps ?

Naturellement, nous sommes tous déçus ; nos partisans des trois circonscriptions étaient très motivés et ce meeting aurait connu un succès retentissant, tout comme les autres d'avant. Mais ce n'est que partie remise.

Y aura-t-il un dernier meeting avant de clôturer 2023 ?

Effectivement. Ce meeting aurait été le dernier de cette année, mais malheureusement, nous entrons dans la période festive. J'aurais des consultations avec les deux autres leaders de notre alliance pour prendre une décision finale et nous vous la communiquerons à travers une conférence de presse jeudi.

Comment se porte l'alliance de l'opposition parlementaire et pensez-vous qu'il reste encore de la place pour d'autres partenaires comme Rezistans ek Alternativ ou autre ?

L'alliance de l'opposition se porte très bien malgré les tentatives du MSM de semer la zizanie et d'essayer de débaucher des supporters avec des offres mirobolantes. Laissez-moi leur dire qu'ils perdent leur temps car cette alliance va durer. Le danger que représentent le MSM et ses acolytes pour notre pays est clair et palpable. Les Mauriciens ne sont pas dupes.

Que pensez-vous du «Financial Crimes Commission Bill» qui sera présenté au Parlement ce mardi ?

Mon premier constat, c'est le timing. Pourquoi une année avant les élections ? Ce qui surprend, c'est qu'une loi aussi importante, qui change fondamentalement les procédures des enquêtes et qui concentre des pouvoirs très étendus à une seule autorité, est en train d'être fast tracked sans discussion aucune. Cette loi permettra des poursuites contre n'importe quel citoyen mauricien, incluant vous, les journalistes, sans que les conclusions de l'enquête ne soient soumises au bureau du DPP ! C'est très, très grave. Pire, c'est un nominé politique qui décidera de tout : c'est lui qui fera l'enquête. C'est lui qui décidera de poursuivre. C'est lui qui demandera l'ordre de freeze les assets d'un accusé. Et c'est lui-même qui demandera la confiscation des biens de l'accusé !

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Cette loi sonne le glas de nos libertés et de notre démocratie. C'est une loi qui est inadmissible, que ce soit sur le plan légal, politique ou éthique. C'est une concentration de pouvoir entre les mains d'une seule personne à la tête d'une autorité et il sera redevable au Premier ministre. Cela est totalement inacceptable dans une démocratie. Cette loi est une entorse à notre démocratie. C'est encore un exemple qui démontre combien Pravind Jugnauth est désespéré et veut tout contrôler, avec une mainmise totale, comme tout dictateur. Je suis persuadé que cette loi viole la section 1 de la Constitution aussi bien que d'autres sections, notamment la section 72 relative aux pouvoirs du DPP. Je fais un appel à tous les Mauriciens pour qu'ils fassent bloc contre cette loi scélérate.

Vous sentez-vous personnellement visé par ce projet de loi ?

Je l'ai dit dans notre meeting du 18 août, à Vacoas, et je l'ai répété lors de ma conférence de presse du 29 novembre : ils sont en train de concocter un complot qui me vise en premier, mais personne n'est à l'abri. C'est une loi pour me mettre hors course d'abord, mais aussi les autres opposants du régime. C'est une tactique connue de tous les dictateurs. On tente d'éliminer les opposants avant même les élections !

Êtes-vous prêt pour les prochaines législatives ? Quand auront-elles lieu selon vous ?

Les prochaines législatives auront certainement lieu en 2024, mais il ne faut pas entrer dans le piège du MSM qui essaie de passer une loi très dangereuse en cette période de fin d'année. En tout cas, nous sommes déterminés car tout un peuple attend le moment de la délivrance. Et nous aurons une équipe capable, dynamique et efficiente pour libérer le pays des griffes de cette mafia qui a confisqué l'État mauricien.

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