Madagascar: Artistes - Crise et folie

La scène artistique à Madagascar est désormais un théâtre d'acharnement. Les stars sombrent dans un nuage de crise. La plupart ne parviennent plus à gérer leurs émotions, pendant que d'autres s'enfoncent profondément dans la dépression. C'est humain !

Toutefois, leurs inconditionnels n'y comprennent plus rien. Les réactions de leurs idoles bien-aimées dépassent leur entendement. Est-ce une maladie, un caprice, ou une mise en scène pour avoir plus de followers sur les réseaux sociaux ?

La semaine dernière, un membre d'un groupe très apprécié des Malgaches a capté l'attention des usagers de Facebook. Son attitude a étonné ses aficionados. Il semblait dépasser les bornes, selon ceux qui ont suivi son live. « Ce n'est pas le type que je connais. D'habitude, il relate des choses purement artistiques. Mais lors de son avant dernier direct, je ne m'attendais pas à ce qu'il ait dit. Ça me paraît un peu flou. Et je me suis demandé ce qui se passait ? », a remarqué un fan de l'artiste.

Tourmentées par la vie qui avance à une vitesse folle, frustrées par des tas de contrats à signer, les vedettes malgaches ne parviennent guère à surmonter les vagues conjoncturelles ! Un directeur artistique expérimenté a essayé d'expliquer la cause de ce phénomène. « N'oublions pas que leur âge avance et que des jeunes surgissent. C'est la peur d'être oublié... C'est cette crainte qui les taraude ». Donc, un artiste, à son apogée, devient paranoïaque. Il a l'impression que tout le monde attend sa chute. Cette méfiance maladive ressentie envers les autres n'est peut-être que le fruit de son imagination. Alors, toutes les critiques seront considérées comme des injures. C'est la star qui montre l'exemple, elle est l'étoile qui dirige les égarés et pas le contraire. C'est l'idole par excellence, une personnalité adulée. À force de voir le nombre d'abonnés et les commentaires souvent ironiques mais qui paraissent positifs à leurs yeux, les leaders d'opinion dégagent quelque part un air prétentieux... comme les politiciens !

Les influenceurs ne sont également pas exclus. Au début, ils sont humbles. Ensuite, quand les « codes promo » sont à leurs noms, ça y est, ils font de la place aux hâbleries.

Par ailleurs, l'avancée de la technologie a totalement transformé la perception des choses. Le champ optique des acteurs des médias sociaux est réduit à guetter les réactions « solidaire », les mentions « j'aime », et surtout les mentions « j'adore ». Des réactions virtuelles attaquent bon nombre d'exposants en ligne.

Leur reprocher serait ainsi une erreur. Faut-il admettre que la communication sur la Grande île a rapidement évolué ces deux dernières décennies. Elle a pris une autre dimension, devrons-nous dire ? D'ailleurs, Lehilahy Manambôla, l'un des riches artistes et le plus suivi sur les réseaux sociaux a même osé dire dans une émission diffusée en ligne samedi 2 décembre dernier que «La presse traditionnelle, la télé et la radio ne sont plus à la mode de nos jours. Si nous voulons être le roi de la com, il faut savoir manipuler les réseaux sociaux ! ». Source de zizanie pour les uns, agitateurs pour les autres, cet artiste soi-disant « roi de la com » n'est pas à l'abri des commentaires outrageants. Fier de son succès, il est jugé comme un arriviste ostentatoire par ses détracteurs. Pourtant, il montre l'exemple aux petits frères en leur disant « J'étais pauvre, mais à force de travailler dur, voilà le résultat ». Par contre, cette mentalité à l'américaine ne correspond pas à la culture du pays.

Les clashs font partie du quotidien. Les attentats verbaux, les menaces déguisées se propagent sur la toile. Encore une fois, les artistes malgaches s'amusent à dire du mal de leur voisin, c'est la tendance.

Le monde artistique traverse une période périlleuse. Jusqu'à quand cela va-t-il durer et jusqu'où cela va-t-il aller ?

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