Alors que la course aux parrainages pour la présidentielle se termine ce dimanche, cette première étape pour être candidat se transforme en véritable démonstration de force et test de popularité pour les différents partis. Cette opération de collecte est un véritable défi pour les candidats, alors que ce système est régulièrement critiqué comme servant surtout à éliminer les petits partis. Reportage lors d'une opération de collecte de parrainage du mouvement Alternative pour la relève citoyenne de la jeune candidate Anta Babacar Ngom en banlieue de Dakar.
Une tente blanche a été dressée sur une petite place du quartier de Guiedawaye, « Anta Babacar 2024 la relève », peut-on lire sur les affiches. Des chaises en plastiques et une grande table sont là pour accueillir ceux qui voudront bien parrainer la candidate, comme cette femme au foyer venue « parce que chaque fois ce sont des hommes qui sont présidents ». « On a besoin d'une femme, estime-t-elle. Elle nous a promis de changer tout, parce que la vie est dure ici au Sénégal, trop chère, il n'y a pas assez de travail. »
Alors que la récolte d'un peu plus de 44 500 signatures dans au moins 7 régions du pays se termine dimanche, Mam el Hadj Malick Diouf, coordinateur de la collecte des parrainages du mouvement ARC confirme la complexité de l'exercice.
« C'est un gros effort logistique et financier pour les petits mouvements comme nous. D'autant plus que le jeu est biaisé dès le départ pour nous. Le camp présidentiel, par exemple, il a la possibilité d'avoir treize députés pour qu'ils le parrainent. Mais ils ont choisi l'option du parrainage citoyen pour aller pêcher dans nos eaux. »
C'est-à-dire qu'à chaque fois, le risque est que les citoyens aient déjà donné leur signature à un autre candidat plus connu ou avec plus de moyens. Ce jour-là, 500 signatures ont pu être collectées après une opération de porte-à-porte. Mais là aussi l'exercice est souvent plus périlleux pour les candidats de l'opposition.
« Le Premier ministre est en train de faire des tournées pseudo-économiques pour collecter ces parrainages. Si un autre candidat est en train d'aller à la rencontre des citoyens, on l'interdit pour motif de troubles à l'ordre public. Donc, c'est pas normal », déplore Mam el Hadj Malick Diouf.
Menacés par les forces de l'ordre lors de leur passage dans les villes de Mbour et de Thies, les candidats de l'opposition sont nombreux à signaler des incidents. Ce jour-là, l'opération s'est déroulé en musique et sans heurts.