Au procès du massacre du stade de Conakry, en septembre 2009, le président du tribunal a appelé un quatrième témoin hier, mardi, à la barre. Valentin Haba était le directeur général de la Police nationale à l'époque des faits. Il a raconté être arrivé au stade peu de temps après la répression sanglante du meeting de l'opposition qui a fait plus de 150 morts.
Dans son costume beige à manches courtes, Valentin Haba gesticule. Plus la scène qu'il décrit est difficile, plus il parle avec les mains.
« J'ai trouvé un corps, il avait un point rond sur la poitrine et le sang sortait de là. Ce jour, mes larmes ont coulé. La plupart des victimes qu'on a trouvées, c'étaient des jeunes de moins de trente ans ! Quand tu les trouvais, tu te disais que c'étaient des gens qui étaient en train de dormir. Ça, ce n'était pas facile à supporter. »
L'ancien directeur général de la Police nationale est arrivé au stade après 14 heures. Il n'y a alors plus personne, il ne trouve que des cadavres :
« À l'entrée du sas, en partant du grand portail, tout le sol était couvert de paires de chaussures perdues. »
Cinquante-quatre corps au total sont dénombrés. Chargés dans deux camions militaires, ils arrivent au camp Samory, un camp militaire de Kaloum.
« Les corps ont été pris et sortis du camp sous l'autorité du ministre de la Santé. La suite, je ne peux pas vous dire ». C'est le ministre de la Santé qui a pris ensuite la direction des opérations, conclut Valentin Haba.
L'ancien ministre de la Santé, Abdoulaye Chérif Diaby, se trouve dans le box des accusés. Le procès doit reprendre ce mercredi matin, avec la suite de l'interrogatoire de Valentin Haba.