Sénégal: Transports urbains au Sénégal - Cinq raisons de saluer l'arrivée du BRT à Dakar

D'ici peu, les habitants de Dakar, au Sénégal, vont trouver leur réseau de transports transformé. En effet, un nouveau système de BRT (Bus Rapid Transit), ou « bus à haut niveau de service », va être mis en fonctionnement fin décembre. Premier réseau de bus entièrement électrique du continent africain, il apportera toutes sortes d'améliorations socioéconomiques à l'existence des habitants. Parmi les nombreuses raisons de se réjouir de ce lancement, en voici cinq, qui méritent particulièrement d'être saluées :

Qualité de service : Dakar doit posséder un réseau de transport apte à suivre son expansion, l'une des plus galopantes d'Afrique. Son système de BRT se caractérisera par des voies réservées ainsi que par des itinéraires et des arrêts fixes, avec des horaires fiables. À bord des bus, 320 000 passagers effectueront leurs trajets quotidiens de manière sûre et confortable. Pour ces usagers -- en particulier les femmes et les personnes à faibles revenus -- l'accès à l'emploi, ainsi qu'aux services de santé et d'éducation, s'améliorera de manière spectaculaire. Le BRT devrait permettre aux habitants de la périphérie d'accéder à 170 000 emplois ; 59 % des postes offerts à Dakar seront désormais accessibles en une heure maximum.

2. Rapidité : L'un des principaux problèmes de l'agglomération dakaroise réside dans la congestion automobile, cause de temps perdu et d'énervement pour ceux qui se déplacent au quotidien. Le système de BRT devrait les inciter à laisser leur voiture pour prendre le bus, avec pour effet de réduire le nombre de véhicules sur la route et de rendre les trajets plus rapides pour tous. Jusqu'à présent, il fallait au minimum une heure et demie pour rallier la périphérie au centre-ville, où se situe le quartier des affaires. Avec le bus rapide, ce temps de trajet sera ramené à 45 minutes.

3. Réduction de la pollution de l'air et des émissions de GES : Qui dit congestion automobile dit pollution. Le BRT améliorera la qualité de l'air. À Dakar, la pollution atmosphérique dépasse de sept fois les niveaux recommandés , ce dont les gaz d'échappement sont en grande partie responsables. En encourageant le passage du véhicule particulier aux transports en commun, le BRT contribuera à atténuer la pollution de l'air et les émissions de gaz à effet de serre (GES). La Banque mondiale prévoit une diminution de 1,2 million de tonnes de GES sur 30 ans, soit l'équivalent de 260 000 voitures en moins sur la route .

Le projet de BRT va encore plus loin dans la lutte contre les émissions de GES. Dakar disposera bientôt de ses premières pistes cyclables ; elles seront créées le long des voies réservées aux bus, qui comporteront aussi des aménagements paysagers, notamment des arbres et une couverture végétale, propres à combattre le réchauffement climatique.

4. Un modèle pour des projets similaires : Les défis que soulèvent les transports à Dakar sont très semblables à ceux d'autres villes d'Afrique. L'enseignement tiré de la mise en oeuvre du BRT dakarois est applicable à d'autres zones urbaines, ce qui contribuera à améliorer les réseaux de transports dans la région et dans le reste du monde. Les systèmes de BRT affichent des capacités et des performances voisines de celles d'autres moyens de transport modernes, comme le métro ou le rail léger. Qu'ont-ils de différent ?

De construction bien moins coûteuse et plus rapide, ils représentent une solution intéressante pour les villes désireuses de se doter d'un réseau de transport collectif de haute qualité, malgré des ressources limitées en temps et en finances. La Banque mondiale et IFC ont à leur actif de nombreux projets menés avec des pays pour améliorer leur mobilité urbaine, dont une bonne vingtaine de BRT dans quinze agglomérations. Le chantier de Dakar apporte un nouvel élan dans ce sens. Il démontre en outre que l'on peut transformer le réseau de transports d'une ville à l'aide de la mobilité électrique, en définissant ainsi une nouvelle norme de transports urbains durables.

Le projet de Dakar comporte des indicateurs de performance, destinés à vérifier qu'un niveau hors pair est atteint à tous égards : qualité de service, ponctualité, sécurité de fonctionnement, connexion des véhicules par GPS, modes de paiement modernes pour les usagers par cartes à puce sans contact, sécurité des passagers améliorée grâce à la vidéosurveillance, systèmes de signalisation et d'éclairage adéquats, sécurité des piétons. Il faudrait que les futurs projets de BRT dans le monde présentent eux aussi ces caractéristiques.

5. Mobilisation de capitaux privés et de partenariats : Le développement du BRT de Dakar confirme l'intérêt d'impliquer des partenaires divers dans la réussite de tels projets. En effet, ce nouveau système de bus a bénéficié du soutien de la Banque mondiale, de la Banque européenne d'investissement, d'IFC (Société financière internationale), de la MIGA (Agence multilatérale de garantie des investissements), de l'État sénégalais et du secteur privé.

Un financement privé de 144 millions de dollars, issu d'un partenariat public-privé (PPP) mis en oeuvre avec l'aide d'IFC, a ainsi permis l'électrification des bus. Dans les pays en développement, les besoins de financement pour les infrastructures sont massifs, et ils dépassent largement les ressources des pouvoirs publics. Or les transports représentent un intéressant créneau d'investissement pour les capitaux privés. Le BRT de Dakar en est la preuve.

Le système de bus rapide dakarois offre un potentiel énorme de transformation du paysage des transports locaux. En assurant une amélioration de la qualité des transports, une réduction du trafic automobile et de la pollution, une reproductibilité et d'intéressantes possibilités d'investissement pour le secteur privé, il porte la promesse d'un avenir meilleur pour Dakar et pour ses habitants. Le BRT devenu réalité, nous verrons demain une ville plus efficace, durable et agréable à vivre.

Par Ousmane Diagana vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du centre Guangzhe Chen, vice-président pour les infrastructures

Sérgio Pimenta, Vice-président régional de la Société financière internationale (IFC)

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