Le 6 décembre 2023, Brice Oligui Nguema, le président de la transition gabonaise, était en visite chez le voisin camerounais. « Highlander », surnom donné à Paul Biya, locataire du Palais d'Etoudi, a accueilli le tombeur d'Ali Bongo, pour échanges entre voisins.
En écoutant l'entourage de l'un et de l'autre, les objectifs de la visite du général putschiste au « roi lion » de la forêt d'Ebo, sont clairs. Il s'agit pour l'un de justifier le coup d'Etat contre Bongo avec en toile de fond, la volonté de réchauffer les relations entre les deux pays. Et pour l'autre de maintenir des liens d'amitié et de coopération avec les nouveaux maîtres de Libreville. Au-delà de ces objectifs mis sur la table par les communicants des deux dirigeants, il y a aussi les objectifs officieux qui ne sont pas moins importants.
En effet, depuis quelques mois, le général Nguema fait le tour des capitales des pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC). Ce ballet diplomatique l'a conduit, tour à tour, en Guinée équatoriale, au Congo Brazzaville, en Centrafrique, au Tchad, en République démocratique du Congo (RDC), au Burundi. Quand un général veut la réintégration de son pays dans une communauté dont il a été suspendu, il n'économise pas ses efforts.
Le soldat Brice en est conscient et voilà pourquoi, l'étape de Yaoundé était aussi nécessaire. A l'analyse, c'est une visite de raison que le président gabonais vient d'effectuer chez l'un des dictateurs et anti-démocrates confirmés de l'Afrique centrale.
Le général Brice n'est pas ce putschiste au teint révolutionnaire
Par ailleurs, ne dit-on pas couramment qu'on ne peut pas vivre en mauvais termes avec ses voisins ? C'est vrai que, et il convient de le souligner, une telle visite ne manque pas de susciter chez Biya une certaine gêne au regard de sa longévité au pouvoir.
Car, si les mêmes causes produisent les mêmes effets, le président Biya se dirait in petto que le tapis rouge déroulé à son homologue gabonais pourrait donner des idées à ses soldats qui ne manquent pas de raisons pour le renverser.
Cela dit, le président gabonais devrait repartir chez lui, tout rassuré quant à une éventuelle levée des sanctions prononcées par la CEEAC suite au putsch du 30 août 2023. Disons qu'il obtiendra ce qu'il veut. Car, non seulement, le général Brice n'est pas ce putschiste au teint révolutionnaire qui remet tout en cause.
En effet, depuis son arrivée, il semble avoir opté pour la préservation des intérêts de la dynastie qui régnait sur le Gabon ainsi que ceux des oligarques qui entouraient la famille Bongo. Pour ce qui est des partenaires régionaux et internationaux, le général a travaillé à les rassurer qu'il ne bousculerait pas l'ordre qu'il est venu trouver.