Terre d'accueil de nombreux sièges d'entreprises pour ses avantages fiscaux, la Suisse, pour la première fois, est appelée à juger la responsabilité pénale d'une entreprise en matière de corruption d'agents publics étrangers. Le ministère public de la Confédération a annoncé ce mercredi 6 décembre avoir déposé auprès du Tribunal pénal fédéral un acte d'accusation contre trois personnes physiques - dont une qui appartenait à la société publique angolaise de pétrole - et la société de négoce Trafigura, spécialisée dans le transport de matières premières.
Entre 2009 et 2011, des paiements de plus de 4 millions de dollars, ainsi que des avantages s'élevant à plus de 600 000 dollars, auraient été versés à un agent de la société pétrolière publique d'Angola, Sonangol.
En échange de ces paiements, ce dernier aurait favorisé les intérêts du groupe Trafigura en permettant le développement de ses activités d'affrètement et de soutage, précise un communiqué du ministère public de la Confédération.
Entre juin 2009 et juillet 2010, huit contrats auraient donc ainsi être pu conclus. Grâce à cette opération, le groupe Trafigura aurait réalisé des profits de plus de 143 millions de dollars, précise encore le communiqué.
Aujourd'hui sont poursuivis l'ancien agent angolais, un ancien intermédiaire et un ancien cadre dirigeant du groupe Trafigura ainsi que le groupe lui-même. Il est notamment reproché à l'entreprise de « ne pas avoir pris toutes les mesures d'organisation raisonnables et nécessaires » pour empêcher ces faits de corruption.
De son côté, le PDG de Trafigura dit regretter ces « incidents » dans un communiqué. Mais assure que depuis des actions ont été menées. Il affirme que « ces incidents historiques ne représentent en aucun cas l'entreprise que nous sommes aujourd'hui. »
D'autres procédures sont en cours contre le groupe aux États-Unis et au Brésil.