Les préoccupations des entreprises exportatrices de services ont été au coeur d'un débat, récemment organisé par la Chambre Tuniso-Belgo-Luxembourgeoise. Portant sur le thème « Internationalisation et diversification des marchés », cette rencontre qui s'est tenue en présence de François Dumont, ambassadeur de Belgique en Tunisie, était l'occasion idéale pour les startuppeurs et les représentants d'entreprises spécialisées dans le secteur des TIC de faire part de leurs doléances mais aussi de leurs attentes et aspirations quant à l'ouverture sur de nouveaux marchés.
Même si l'exportation des services informatiques semble être relativement épargnée des tracas douaniers, les difficultés que déplorent les dirigeants d'entreprise sont légion. Réglementation de changes, lourdeur administrative, restrictions à la mobilité, problèmes liés aux visas, exigences en matière d'environnement des affaires... restent encore des entraves auxquels doit faire face tout investisseur, tunisien soit-il ou étranger.
Des opérations de transferts bancaires compliquées
«Les problèmes que rencontrent souvent les entreprises concernent principalement la réglementation des changes.
Et ce problème est manifeste même au niveau des banques. Car on a constaté qu'il y a un manque de compréhension des circulaires de la BCT ce qui complique davantage les opérations des transferts bancaires. Les demandes déposées auprès de la BCT prennent énormément de temps et ceci bloque l'investisseur», a affirmé Kaïs Fekih, président de la chambre de commerce Tuniso-Belgo-Luxembourgeoise dans une déclaration aux médias.
Le manque de liaisons aériennes vers l'Afrique est aussi un obstacle pour les investisseurs installés en Tunisie qui partent à la quête de nouveaux marchés non traditionnels. «En ce qui concerne le renforcement de son réseau aérien sur le continent africain, la Tunisie a, malheureusement, pris beaucoup de retard. La concurrence n'attend pas. Beaucoup de pays africains ont pris une longueur d'avance et ont créé des hubs d'investissement dans les services. Toutefois, il faut reconnaître que le gouvernement est à l'écoute et s'est penché sur de nouvelles lois qui encouragent l'investissement et l'exportation vers l'étranger », a-t-il ajouté.
Des lois en suspens
Il faut dire aussi que le tableau dressé n'est pas aussi noir. Car, des efforts ont été consentis pour faire bouger les lignes. En effet, plusieurs lois visant à améliorer l'attractivité de l'environnement des affaires ont été conçues, de concert avec les acteurs du secteur privé. Reste maintenant à passer la vitesse supérieure pour accélérer leur mise en œuvre et exécution.
Abondant dans ce sens, Adel Mohsen Chaâbane, président du Conseil des Chambres Mixtes, a répliqué : «Tous les interlocuteurs du secteur privé et du secteur public se sont réunis pour analyser les faiblesses et les limites et toutes ces réunions ont pondu des lois.
Aujourd'hui, on n'est plus au stade des critiques, mais on est au stade de l'implémentation. Il y a un problème de temps, de rapidité et d'implémentation. Il y a des lois qui sont déjà prêtes, notamment, celles sur l'économie du savoir qui est prête, la stratégie nationale d'amélioration du climat des affaires, le code des changes, la loi sur l'auto-entrepreneuriat qui a été votée en juin 2020, et la loi relative à la promotion de l'investissement ».
Et d'ajouter : «ces dernières ont été validées par le secteur privé et la majeure partie des recommandations ont été émises par le secteur privé. Elles répondent à plus de 80% de ses attentes. Elles vont permettre de fluidifier les relations Tunisie-étranger grâce à une meilleure rapidité des transactions en devises. Donc si j'ai une recommandation à faire, je dirais qu'il ne faut plus lister les limites, bien au contraire, il serait impératif de lire attentivement ces lois, qui ont été validées et ratifiées. Je voudrais insister encore une fois sur le fait que nous sommes, aujourd'hui, au stade de l'implémentation ».
Pour l'ambassadeur de Belgique, le potentiel de la Tunisie est indéniable. Il a affirmé, en somme, que les liens économiques entre les deux pays sont indélébiles. « Quoi qu'il arrive nous resterons alliés sur énormément de dossiers. Le secteur privé est un secteur particulièrement important dans nos relations bilatérales. Et le secteur privé est suffisamment fort pour s'imposer lorsqu'il le faut, et c'est vrai dans beaucoup de pays ouverts comme c'est le cas de la Tunisie », a-t-il déclaré.