Le monde d'aujourd'hui est en constante mutation, notamment, dans le domaine des technologies. En ce sens, l'Intelligence artificielle (IA) alimente beaucoup de débat aussi bien au niveau africain que mondial. D'aucuns restent ferment et considèrent que l'Afrique ne doit pas « rater cette révolution historique ». Au Sénégal, GAINDE 2000 qui témoigne d'une grande compréhension des enjeux, mobilise les acteurs et pose le débat en vue de susciter l'engouement autour de l'Intelligence artificielle qui « impacte la société, les entreprises etc.. ».
Depuis son lancement fin novembre 2022, ChatGPT, le chatbot qui utilise l'intelligence artificielle (IA) pour répondre aux questions ou générer des textes à la demande des utilisateurs, est devenu l'application Internet qui connait la croissance la plus rapide de l'histoire, si l'on en croit un article publié, à ce sujet, par Veronica Smink de BBC News.
En deux mois à peine, le Chatbot a atteint 100 millions d'utilisateurs actifs. A titre de comparaison, l'article révèle qu'il a fallu neuf mois à l'application populaire TikTok pour atteindre cette étape. Et à Instagram deux ans et demi, selon les données de la société de surveillance technologique Sensor Town.
« Au cours des 20 années que nous suivons l'internet, nous ne pouvons pas nous souvenir d'une augmentation plus rapide d'une application Internet pour les consommateurs », ont déclaré des analystes de UBS, rapportés par Veronica Smink.
La popularité massive de ChatGPT, développé par la société OpenAI a suscité toutes sortes de discussions et de spéculations sur l'impact que l'intelligence artificielle générative aura sur notre avenir proche.
L'intelligence artificielle vient apporter des changements dans le comportement des personnes dans toutes les sphères d'activités. Si tous ces changements engendrés par l'IA, vous submergent, dit notre consoeur de BBC News, « préparez-vous à un fait qui pourrait vous trouver encore plus déconcertant ».
En fait, à l'en croire, avec tous ses impacts, ce que nous vivons actuellement n'est que la première étape du développement de l'IA. Selon les experts, ce qui pourrait arriver bientôt - la deuxième étape - sera beaucoup plus révolutionnaire.
Et la troisième et dernière, qui pourrait se produire très peu de temps après la deuxième, « est si avancée qu'elle modifiera complètement le monde, même au détriment de l'existence de l'être humain ».
Intelligence artificielle étroite (ANI)
La catégorie la plus élémentaire de l'IA est plus connue sous son sigle en anglais : ANI, par Artificial Narrow Intelligence. On l'appelle ainsi parce qu'il se concentre étroitement sur une seule tâche, en effectuant un travail répétitif dans une plage prédéfinie par ses créateurs.
Intelligence artificielle générale (AGI)
Cette catégorie - Artificial General Intelligence - est atteinte lorsqu'une machine acquiert des capacités cognitives au niveau humain. C'est-à-dire, explique-t-on, quand elle peut accomplir n'importe quelle tâche intellectuelle qu'une personne accomplit.
Super Intelligence Artificielle (ASI)
L'inquiétude des informaticiens est à voir avec une théorie bien établie qui soutient que, lorsque nous atteindrons l'AGI, nous atteindrons peu de temps après, le dernier stade du développement de cette technologie : la Super intelligence artificielle, qui se produit lorsque l'intelligence synthétique surpasse l'intelligence humaine.
A ce titre, le philosophe de l'université de Oxford et expert en Intelligence artificielle, Nick Bostrom définit la super intelligence comme « un intellect beaucoup plus intelligent que les meilleurs cerveaux humains dans pratiquement tous les domaines, y compris la créativité scientifique, la sagesse générale et les compétences sociales ».
Au Sénégal, GAINDE 2000 qui pose le débat depuis 2018 avec la réalisation d'un film documentaire, réunit de nouveau les acteurs autour de l'IA
Les 12 et 13 septembre 2023, l'entreprise sénégalaise spécialisée dans les technologies, a mobilisé une pléthore d'acteurs du numérique à l'occasion de la deuxième édition de la rentrée numérique, dont la première édition a été organisée en 2018.
Au moins « 400 personnes » s'étaient inscrites pour participer à l'événement qui invitait les participants à discuter sur le thème : « l'intelligence artificielle, les opportunités et menaces sur les économies, les entreprises et la société : quelle attitude adopter ? ».
L'administrateur général de GAINDE 2000 avait indiqué, en ce sens, qu'il était, important que La rentrée numérique permette à l'ensemble des acteurs d'avoir une bonne compréhension de l'intelligence artificielle et d'être capables de faire des anticipations.
Pour Ibrahima Nour Eddine Diagne, « Aujourd'hui l'Intelligence artificielle (IA) est un sujet émergent et structurant qui impacte la vie des sociétés, des organisations et tout le monde en parle ».
Il confie dans la foulée que l'Intelligence artificielle donne de nouveaux outils pour la compréhension des phénomènes et la prise de décisions. A l'en croire, du fait que la vie des organisations tourne autour de la prise de décisions, on ne peut pas ignorer ce secteur l'IA.
De ce point de vue, il a noté une menace extérieure liée à la concurrence. « Si nous ne faisons rien, nos organisations vont perdre en compétitivité et en efficacité ; et c'est pourquoi nous avons voulu que le thème porte sur l'intelligence artificielle pour que les décideurs politiques et les responsables d'entreprises prennent conscience qu'il y a un facteur qui va changer la donne », explique M. Diagne.
Les échanges dans le cadre de La rentrée numérique, cette année, ont mis en exergue l'importance de la formation dans le but de profiter des opportunités de l'intelligence artificielle qui est en train de « prendre de l'envol ».
Le continent africain dans son ensemble demeure « l'avenir de l'intelligence artificielle ». Mais la question est de savoir de quelle Afrique s'agit-il ? Il ressort des panels qu'il s'agit d'une « Afrique qui est prête à prendre les choses en main avec des investissements conséquents, notamment dans la formation et des infrastructures ».
A ce titre, le directeur général de l'Agence sénégalaise d'études spatiales (Ases), mise en place en mars 2023 suite à une décision du président de la République Macky Sall, relève « la présence faible des jeunes dans les filières scientifiques ». Maram Kaïré a rappelé que « nous sommes à 16% de jeunes dans les filières scientifiques au baccalauréat 2023 ».
L'apport du spatial à l'intelligence artificielle
Le secteur spatial devrait apporter une contribution importante pour l'essor de l'intelligence artificielle en Afrique. Mais, faut-il le regretter, le potentiel africain en ce sens, n'est pas exploité au mieux.
En 2022, selon des données de Space in Africa, les pays africains ont alloué à ce secteur spatial $539 millions. L'économie spatiale africaine devrait atteindre 22 milliards de dollars d'ici à 2026, si on en croit la même source.
« Ce qui fait défaut aujourd'hui », selon le directeur général de l'Agence sénégalaise d'études spatiales (Ases), « c'est la disponibilité des données et c'est là que le spatial va apporter une contribution à l'intelligence significative artificielle ».
Pour Maram Kaïré, « si nous arrivons aujourd'hui à disposer d'une présence permanente dans l'espace , à produire des données par rapport à la surveillance de nos ressources (minières, maritimes etc), si nous arrivons à produire des données pour gérer nos problèmes de mobilité, d'aménagement du territoire etc, poursuit-il, et « de produire des données qui nous permettent de faire de l'enseignement à distance, explique -t-il, il faut savoir que tous éléments transitent autour des activités liées à l'espace qui apporte cette solution ».
Ainsi, on pourra mettre sur les serveurs, les super calculateurs suffisamment d'informations à traiter et laisser les algorithmes de l'intelligence artificielle, et en définitive apporter des réponses par rapport à l'exploitation que devons faire de ces données.
Les embouteillages coûtent 100 milliards de francs Cfa chaque année au Sénégal, ce qui est « énorme » selon Maram Kaïré.
A cet égard, il souligne que si nous utilisons tout le potentiel du spatial, des satellites et autres pour avoir une vue régulière sur ce qui se passe dans les agglomérations, on pourra optimiser la circulation et l'utilisation des axes en fonction, notamment, à des heures de pointe.
« Le spatial apporte cette contribution à l'utilisation de l'intelligence artificielle, c'est-à-dire, produire suffisamment de données », conclut-il.
L'Etat du Sénégal à l'oeuvre
Le directeur du cabinet du ministre en charge de la communication, des télécommunications et de l'économie numérique a indiqué que le Plan Sénégal émergent (Pse), référentiel des politiques publiques de l'Etat, « reconnaît un rôle central du numérique dans notre avenir ».
A ce titre, Souleymane Astou Diagne, fait savoir que l'Etat du Sénégal a « réalisé d'importants investissements pour renforcer notre infrastructure numérique, accroître la connectivité et encourager l'innovation technologique ».
Parmi les actions de l'Etat en faveur du numérique, M. Diagne a cité la promulgation de loi pour la promotion de la startup sénégalaise, la mutation de l'Agence de l'informatique de l'Etat (Adie) en une société nationale dénommée Sénégal numérique SA, la création de la structure nationale de cyber sécurité, l'école nationale de la cyber sécurité à vocation régionale, l'implantation de quatre data centers, la stratégie nationale des données qui est une première en Afrique.